« Joseph Kabila Shikata », dit le milicien Gédéon Kyungu

Connaissez-vous Gédéon Kyungu Mutanga ? Il a décidé d’en finir avec son insurrection en déposant les armes, mardi 11 octobre à Lubumbashi en RDC, en présence des autorités et des services de sécurité.
Si un jour vous avez entendu parler des séparatistes May-May, déterminés à « couper » le  Katanga de la République démocratique du Congo, si vous avez appris qu’il existe un triangle de la mort dans cette région septentrionale de la RDC, c’est lui le maître.
Un triste bilan humanitaire dans le Katanga
Arrêté, jugé et condamné à mort, Gédéon Kyungu Mutanga s’évade de la prison de Kasapa, de manière spectaculaire en pleine journée, en 2011. Il a regagné son sanctuaire situé entre les territoires de Manono, Mitwaba et Pweto qui forment le fameux triangle de la mort du Katanga.
Jusqu’en 2016, avant sa reddition, Gédéon a provoqué une crise qui a déplacé plus de 500.000 personnes, des femmes violées, des villages incendiés, des souffrants de faim, des enfants qui ne vont plus à l’école depuis quelques années, et même des conflits communautaires. Dur et réputé fétichiste, Gédéon a mangé un prêtre qui était un proche, parti le convaincre de déposer les armes.
Gédéon le spectaculaire ou un Congo en spectacle ?
L’évasion spectaculaire de la prison de Kasapa, se boucle le 11 octobre 2016 par un autre spectacle : son retour dans la ville, presqu’en héro. La cérémonie de reddition a lieu devant l’assemblée provinciale du Haut-Katanga, en présence des responsables de l’armée, de la police et du renseignement. Ce ton très officiel, malgré la joie d’en finir avec les violences, finit par étonner. « Gédéon homme libre », a demandé un journaliste, aucune réponse des officiels.
Le drapeau du Mouvement des indépendantistes révolutionnaires africains, MIRA, le parti de Gédéon Kyungu. Ph. Junior Ng

En 2013, les may-may bakata-Katanga entraient dans Lubumbashi, sans que les services de sécurité ne s’alertent alors qu’ils venaient de parcourir près de 10 km à pied, de la commune de Ruashi au centre-ville. C’est un spectacle inouï, et personne pour expliquer ce qui réellement est arrivé. D’autres événements spectaculaires vont suivre encore, mais sans explication : l’attaque de l’aéroport de Lubumbashi, mais aussi des violences dans le triangle de la mort si bien que l’ONU dénonce une crise oubliée dans le Katanga. Le hic, c’est que les autorités congolaises n’ont jamais expliqué à leurs citoyens les vrais mobiles de l’activisme des séparatistes bakata-Katanga, en dehors du fait notoire qu’indique leur nom. C’est un spectacle aussi !
De la prison à une résidence sécurisée
L’essentiel aujourd’hui, c’est  que Gédéon Kyungu a déposé les armes. On espère que c’est le grand  retour au calme dans cette région (Mitwaba) où l’on exploite la caciterite et un peu d’or. Que le processus s’arrête à ce net niveau serait une course à l’impunité, comme cela est arrivé à d’autres chefs de guerre. Déposer les armes ne suffit, il faudrait que les juges n’aient pas perdu leur temps pour rien en condamnant cet homme qui a fini par fuir la prison, sans explications sérieuses. C’est basique : la place d’un prisonnier en fuite, c’est la prison lorsqu’on le reprend.

Mais Gédéon sait bien que les rébellions finissent par des postes confortables au sein du gouvernement ou de l’administration publique, doublés d’une protection. Impunité ! Peu d’exemples seulement pourront l’infirmer : la grandeur, la prospérité, bref, le royaume de joie, appartiennent aux citoyens violents, en République démocratique du Congo. Gédéon se prépare à devenir politicien avec son parti MIRA qui ne cache pas qu’il admiratif du président Kabila. Son accoutrement pour la circonstance, un t-shirt vert frappé d’une effigie du présent Joseph Kabila arrivé fin mandat le dit bien: « shikata » qui veut dire, « demeure, reste assis, dure »…

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