KAWAMA, LA CARRIERE MINIERE DE LA MORT



Un creuseur montre une balle. Photo M3 Didier,  Juin 2014.
Deux curseurs artisanaux sont morts par balles ce mercredi à Kawama, un village situé à environ 30 Km de Lubumbashi, sur la route Likasi. Deux autres ont été blessés, un autre selon toute vraisemblance, assez gravement. Il est en soins intensifs. C’est dans un conflit qui les oppose à des militaires qui sécurisent la carrière de Kawama, une carrière pourtant fermée aux artisanaux, mais qui accueille régulièrement des creuseurs, par des arrangements avec les gardes. Parfois quand ça ne colle pas, ça tourne au désastre comme cette troisième fois que cela se produit depuis juin dernier.
Ce mercredi matin, Kawama s’est réveillé en colère. Deux creuseurs artisanaux ont été tué dans la carrière située à mois de 200 mètres du village.
Tôt le matin, à 6 heures, raconte un témoin que nous avons trouvé sur place, des éléments de l’armée ont tué un creuseur. Lorsque ses amis retournent pour prendre le corps, les militaires tirent sur le secours et en tuent un autre. Ce dernier est tombé dans le village même. Alors nous sommes sortis de nos maisons et avons barré la route.
Cette route est la seule qui relie Lubumbashi et Likasi. Un camion poids lourd a été pris à parti ; et son chauffeur a failli la mort.
Une carrière minière à Kawama. Photo M3 Didier,  Juin 2014.
Un témoin raconte que les militaires les appellent régulièrement pour qu’ils paient afin d’accéder à la carrière. Parfois, comme ce mercredi, lorsque les clauses du « contrat » ne collent pas, ils se servent de leurs armes pour contraindre les creuseurs à quitter. Le 15 juin dernier, trois creuseurs mouraient dans les mêmes conditions. Un corps avait disparu,  dans le dessein de le faire disparaître et ainsi effacer toute trace. Grâce à l’intervention de la Monusco et des défenseurs des Droits de l’Homme, il était retrouvé tard la nuit, dans une morgue dans la commune Katuba, à près de 40 km De Kawama.
Un désordre
Un jeune homme, cultivateur, qui s’était rendu à son champ, en est vite revenu, effrayé, dit-il, par les tirs à armes. A son arrivé à Kawama, il prend une balle perdue à l’avant bras. Il a été admis dans un centre de santé de la place pour des soins. Un autre qui a pris une balle à la cuisse, a été dépêché par la police dans un hôpital qui n’a pas été communiqué, pour des soins intensifs, il saignait fort.
Des jeunes gens à Kawama. Photo M3 Didier,  Juin 2014.
Il y a environ trois semaines, un autre mourait dans la même carrière. Cette fois, une grenade avait été retrouvée dans la carrière. Pour les militaires, c’est là une preuve que les creuseurs sont devenus dangereux. Mais ces derniers s’en défendent et estiment que jamais des creuseurs ne portent des armes. La grenade était tombée de l’armature d’un militaire descendu dans la carrière.
En quatre mois, Kawama vient de connaître trois crises les unes comme les autres pareilles : conflits rangeant de part et d’autre militaires et creuseurs artisanaux, avec au centre, l’argent et l’accès aux carrières minières.

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