Usine de la Gécamines, Katanga.Source:lepotentielonline.com |
Le
Katanga reste une des provinces influentes de la République démocratique du
Congo, depuis bien longtemps. Au fil des années, cette influence montre
progressivement les signes d’un mécontentement à travers la communauté
nationale, mieux, parmi les politiques. Cet état de chose s’est accentué avec l’arrivée
des Katangais à la tête de l’Etat et leur propension à rester en plus de leur
historique influence économique, un cartel de prise de décisions politiques. Déjà,
certains pensent qu’ils sont « régionalistes » ; surtout quand
dans leur province, ils se veulent premiers et à l’avant plan. Mais ils sont
aussi victime d’une certaine politique loin de rimer avec la justice
distributive.
Munongo, Chombe, Kimba, Katumba, Kabila
LD… mais aussi Katumbi, Kyungu, Masangu, Kakudji, et bien d’autres… des
Katangais devenus grandes figures de la politique congolaise. Ils ont, comme d’ailleurs
bien d’autres compatriotes d’autres contrées, marqué d’une influence
remarquable la politique congolaise. En national comme en province, le
Katangais reste le même aux yeux de plusieurs : attaché à son Katanga, à ses
ressources naturelles qui le rendent un peu guindé… et depuis peu, on lui colle
le qualificatif ou l’épithète « régionaliste ». Mais, mais !!!
Le Katanga est avant tout le Katanga, tout comme le Bas-Congo est avant tout le
« Bakongo » ! Attention ! Je parle de l’histoire ! Et
la MIBA en son temps, ne faisait pas de petits au Kasaï. Comme l’argent, l’économie
ne fait pas de petits ! « Pecunia,
pecuniam non perit » !
Le
poids du passé
Le Katanga est une de ces provinces qui
ont eu un statut particulier dès la formation de l’EIC, l’Etat Indépendant du
Congo, la propriété du roi Léopold II. Cette province connaît les premiers
rayonnements intellectuels, les écoles y comprises, parmi les rares de l’ère
coloniale. Allez-y comprendre qu’au rayonnement économique qui fait déjà émerger
des évolués, parmi lesquels Chombe, Munongo, Sendwe et leur suite, s’ajoute l’ascension
politique. Le Bas-Congo, les Kasaï, le grand Kivu et bien d’autres provinces
connaissent certes ce phénomène. Mais ce qui rend spécial le Katanga c’est que
l’économie du Congo dès 1910 lorsque l’on lance l’Union minière du haut Katanga
future Gécamines, comme d’ailleurs aujourd’hui, l’économie du Congo est
essentiellement minière. Et donc, à prédominance katangaise. Il y a pendant ce
temps, le Kasaï avec la SENGAMINES et surtout avec la MIBA.
Vous avez compris d’où viennent certaines influences ? Aujourd’hui, les meilleures écoles de RDC sont notamment au Kasaï, au Bas-Congo, Orientale et au Katanga. Face à l’histoire, on doit rester non fanatique, mais simplement vrai ! C’est bien cette histoire aussi qui fait que l’on pointe le Katanga à propos de sa propension à rester aux seuls Katangais. Mais il y a bien plus de rainons, plus lourdes que celles-ci.
Un
Katanga ouvert, universel
Le Katanga, en RDC. Source:www.rfi.fr |
Certes, cette vision exclusionniste est
à condamner. Mais est-ce ca l’être du Katangais ? Je dis non. Depuis 2006,
le Katanga reste de ces rares provinces qui ont fait élire des députés, comme
on aime à le dire parfois sans gêne (je suis désolé, je ne partage pas la
terminologie !) « Non
originaires », c’est-à-dire, ayant des ancêtres ou parents venus d’autres
provinces ! Or, on sait que jusqu’ici, les élections dans ce Congo sont
largement restées basées sur les origines. D’aucuns parlent de tribalisme dans
le choix des représentants aux institutions élues.
Depuis le Congo-Belge, le Katanga
accueille les compatriotes de toutes provinces, et des milliers des expatriés
occidentaux et africains. Il y en a du Katanga qui sont aussi « ailleurs »
(ne n’est pas le terme qu’il faut) ! Il n’y a pas de problème dans la
cohabitation, pas de xénophobie. Dommage, à cause des manipulations
politiciennes, un irréparable est venu et depuis, colle à la tripe du Katanga :
l’affaire Katangais-Kasaïens ! Une histoire bien triste pour une province
qui se veut universelle et ouverte.
En 1991-1993, des congolais originaires
du Kasaï étaient expulsés du Shaba, l’ancienne appellation du Katanga sous le
Zaïre, au plus fort de la crise politique entre Tshisekedi Mobutu, Mobutu Nguz
et ces deux contre Mobutu qui a réussi à les diviser. Une histoire bien
dommage. Je laisse aux historiens raconter l’histoire et aux juristes dire qui
avait tort ou raison ! Je sais au moins, moi, que les trois sont fautifs
dans cette histoire. Ils ont agi contre la population innocente. Il y a aussi
et surtout, le conflit entre Lumumba et Chombe qui a fini par l’ignoble
assassinat de Lumumba, au Katanga. Encore une fois de plus, l’histoire da fini
par établir les responsabilités : la Belgique porte le chapeau, sans
dédouaner certains dirigeants katangais sur leur inaction ou leur passivité.
Tout cela suffit-il pour prouver que le
Katanga est régionaliste, tribaliste ? Je dis non ! Il y a énormément
des Katangais qui sont morts des morts politiques, assassinés, empoisonnés…
notamment durant le Zaïre. On n’oubliera pas Evariste Kimba, Moïse Chombe,
Munongo, … LD Kabila, le récent martyr. Le Katanga n’a jamais fait porter le
chapeau de ces morts à qui que ce soit. Est-il naïf ? Manque-t-il des
arguments ? Loin de là.
Ce
qui énerve les Katangais
Le problème des Katangais est simple et
grave à la fois. S’ils sont nombreux à crier, râler et taper fort sur le
Katanga, c’est parce qu’il y a un problème. La figure de la défense de la
question katangaise est sans conteste, jusqu’ici, Kyungu wa Kumwanza. Son souci,
parfois difficilement compris, reste que les katangais profitent des ressources
de leur province.
On exploite en provinces, on construit à Kinshasa. Source: digitalcongo |
Tenez ! Jusqu’à ce jour, les
ressources minières exploitées au Katanga continuent à financer le budget du
gouvernement national (de RDC) à près ou plus de 70%. En retour, le Katanga n’a
pas d’hôpitaux construits, pas d’écoles (même du cinquantenaire !), pas de
route nationale à proprement parler (je n’ignore pas ce que l’on appelle
nationale numéro xxx !). La liste est longue. On a l’impression que le
Congo, c’est simplement Kinshasa. Et comme si cela ne suffisait pas, le Katanga
qui produit le plus grand nombre d’intellectuels, des diplômés d’université et
du secondaire (tenez : ils viennent de partout en RDC pour l’Université de
Lubumbashi), mais qui comprend plus de 300 entreprises minières, affiche un
taux des plus élevés de chômage en RDC.
Lorsqu’il y a une entreprise qui ouvre,
ce sont les ministres et secrétaires généraux à Kinshasa qui parachutent des
candidats à plus de 70% de Kinshasa ou d’ailleurs alors qu’il y a des gens
capables sur place. Conséquence : ceux qui vivent au tour des entreprises,
ceux qui subissent les conséquences des pollutions, ne sont pas ceux qui
profitent de la création des entreprises qui du restent, exploitent leurs
terres. N’oubliez pas : l’africain a avant tout sa terre ! Ousmane
SEMBEN écrit dans « Ô Pays mon beau peuple ! » : « Que le roi te prenne tes bêtes, tu
finiras par en avoir avec le temps. Qu’il prenne ton fils pour l’amener à la
guerre, ta femme t’en donnera un autre. Mais qu’il prenne tes terres, c’est qu’il
veut ta mort. Et celui qui veut ta mort, il ne se soucie pas de tes peines ».
Allez comprendre alors que les
creuseurs à Kawama se fassent tirer dessus par des hommes en
uniforme sans qu’ils ne capitulent !
Le gouvernement provincial du Katanga
envoie des centaines des milliards de Francs congolais à Kinhsasa
mensuellement, mais que des miettes, moins de 20% lui reviennent, et parfois,
assez irrégulièrement. Les plus offrants sont les plus en peine dans ce
Congo ! Une loi que ni l’économie, ni la justice (pas distributive) ne peut
comprendre.
A
bas l’injustice !
Une nouvelle usine de la Gécamines. Source: www.sulphuric-acid.com |
Devant cette gamme de problèmes, que
voulez-vous que l’on fasse ? Que les Katangais croisent les bras, aillent
à l’église implorer la bonté du Tout puissant Dieu pour qu’il change les cœurs des
dirigeants de Kinshasa afin que finalement les choses changent ? Où que
les leaders comme Kyungu wa Kumwanza, affectueusement appelé Baba, monte au
créneau et crie « ça suffit ! » ? J’opte pour la dernière
possibilité. Moi, pour ma part, je souhaite que Kyungu wa Kumwanza continue de
dire des vérités ! Qu’il ne se taise pas. Je veux que ces qui est produit
au Kasaï, les compatriotes Kasaïens en profitent avant tout. Même chose
ailleurs ! Quant à la solidarité entre provinces, la Constitution le dit
bien : il y a la Caisse de péréquation. Malheureusement, Kinshasa s’arrange
pour qu’elle n’existe pas !
Cela ne veut nullement dire que les
katangais, ou moi, soyons devenus des citoyens de première zone, plus
importants que les autres ou encore régionalistes, tribalistes comme certains
le disent sans nuance. Que l’on soit à la MIBA, à Monda (pétrole) ou à Kilo Moto,
les premiers bénéficiaires lorsqu’il y a exploitation des ressources
naturelles, ce sont les habitants du lieu d’exploitation. Cela permet d’ailleurs,
en management, une bonne intégration de l’entreprise. Il est anormal qu’une
entreprise implantée au Katanga emploie 70% ou plus de la main d’œuvre venue d’autres
provinces ou d’ailleurs, comme on le rapporte dans certaines entreprises où les
expatriés seraient les plus nombreux.
Dire que les katangais sont régionalistes ou tribalistes, c'est mal les connaitre. lorsque nous lisons l'histoire de notre cher et beau pays la RDC, vous constaterez comme moi, qu'en dépit de son apport très important sur le budget national, le Katanga en retour n'en a reçu que des mépris du genre"sécessionnistes" comme si réclamer son droit était un péché. C'est que les katangais réclament depuis le jour l'indépendance le 30 juin 1960 est très simple et constitutionnelle: répartition équitable des richesses, full stop. Par ailleurs, là où le bas blesse, c'est lorsque nous voyons certains frères katangais ayant émergés dans leurs affaires par rapport à leurs positionnements politiques, recourent à une main d’œuvre étrangère. Alors faudra-t-il s'en prendre aux congolais de Kinshasa ou à nous même? çà c'est vouloir une chose et son contraire en même temps. Et d'ailleurs les politiciens katangais marginalisés ne les disent-ils pas souvent que l'ennemi du katangais c'est le katangais lui-même. Ayons le courage de nous regardez en face et nous dire des vérités sinon les autres en tirerons TOUJOURS PROFIT. A bon entendeur salut. .
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