![]() |
Les évêques catholiques de la RDC (CENCO), médiateurs du dialogue entre opposition et pouvoir. Crédit photo: Monusco |
L’Accord sur la transition en RDC trouvé
le 31 décembre 2016 se montre impossible d’application. Les discussions censées
définir sa mise en œuvre viennent d’échouer (jusqu’ici) entre le camp Kabila et
alliés et le Rassemblement de l’opposition (Rassop). Pendant ce temps, la
Majorité au pouvoir serait tentée de recourir à un référendum pour donner à
Kabila le droit d’aller aux élections au-delà de ses 2 mandats limités par la
constitution. Voici ma lecture de journaux de la semaine dernière.
« Consensus non trouvé :
MP-Rassop, voici ce qui les oppose », titre L’avenir,
un groupe de presse de Kinshasa, proche du pouvoir. Le média note deux points
qui font l’objet d’une « sempiternelle incompréhension » : la répartition des ministères
régaliens, de souveraineté (Affaires étrangères, défense, intérieur et justice)
et le mode de désignation du premier ministre.
« Ici,
écrit L’Avenir, la MP est intransigeante,
le rassemblement à qui revient le poste doit présenter au chef de l’Etat, trois
candidats ou rien. De son côté, le Rassop ne jure que sur un seul candidat.
Dans l’entendement de la MP, proposer une seule candidature serait comme
imposer au chef de l’Etat celui qui sera son très proche et principal
collaborateur. »
« Il n’y a pas eu fumée blanche samedi au centre
interdiocésain », commente l’Avenir avant de souligner, pathétique, « la Grosse désillusion » pour
ceux qui attendaient cet accord censé ouvrir la voie aux élections fixées fin
2017.
Désillusion
et déception, pas pour Forum
des As, autre média kinois qui avait déjà prévenu 3 jours
plus tôt : « La fumée blanche
vient plutôt du… Gabon » où l’équipe de football de RDC a reporté des
victoires que ne le font les politiques. Son éditorial ne laisse pas de doute
sur son pessimisme. Il écrit :
« Côté bonnes nouvelles, les Congolais
ne sont pas gâtés. Ils s’en sont même sevrés. Ou presque. La météo
socio-économique et politique est là pour l’attester. Voilà des mois qu’ils
voient leurs pouvoirs d’achat - ou ce qui en tient lieu - s’effriter à la
vitesse V. Voilà des semaines qu’ils ont les yeux rivés sur la cheminée du
Centre interdiocésain dans l’espoir d’y apercevoir de la fumée blanche. Sans
succès. Pas de vraie lueur jusque-là. Le décor est plutôt celui de la
sinistrose. Grisaille donc dans le ciel rd congolais. »
Ces
positions peu conciliables suscitent des questionnements pour le journal La Prospérité
de Kinshasa :
« Y a-t-il lieu d’espérer
que l’Accord et ses nombreux Arrangements Particuliers seront
rapidement mis en œuvre, pour éviter toute forme de rupture ? Sinon,
le pays risque de tomber dans le piège du Plan B dont le contenu
n’est connu que des Evêques, du moins, jusqu’ici. »
Mais
pour l’hebdomadaire Jeune Afrique, l’échec des dernières
tractations qui ont duré toute la nuit du 27 au 28 janvier cache mal le manque
d’intérêt pour la majorité de Kabila. Elle s’oppose même à la poursuite de la
médiation des évêques catholiques, la CENCO. Et ce, en dépit des avancées
notées dans ce processus. « Ce refus
laisse transparaître les velléités de violer le compromis politique trouvé »,
rapporte Jeune Afrique qui cite un membre de la médiation.
Pour
ce média, c’est clair que les choses ne vont plus bien. « Les blocages persistent, l’hypothèse du référendum refait
surface ». C’est avant de donner ces propos anonymes d’un proche du président
Kabila : « Dans tous les cas, le
président Joseph Kabila constate que la classe politique ne parvient toujours
pas à s’entendre sur la gestion consensuelle du pays. Le dernier mot doit
revenir au peuple, seul souverain ». Par voie référendaire ? interroge
Jeune Afrique. « Pourquoi pas ?
L’hypothèse doit sérieusement être discutée », tranche-t-il.
L’épouse de l’opposant Moïse Katumbi, Carine, ironise sur le rejet de la CENCO par le camp Kabila : « La CENCO n'est pas aussi complaisante qu'E.Kodjo apparemment. »La MP #RDC cherche à remettre en cause le maintien de la médiation de la #Cenco. Raison : elle n'a pas renoncé à son projet de référendum...— Adrien Seyes (@adrienseyes) 28 janvier 2017
Parfois, certains congolais se montrent au bord de l’exaspération : « #RDC: Il ne reste qu'une seule solution face au blocage de la #MP; Soit #Kabila s'impose et organise son référendum soit on applique art #64. »La CENCO n'est pas aussi complaisante qu'E.Kodjo apparemment 😏 https://t.co/BgDaMEDybb— Carine Katumbi (@carine_katumbi) 28 janvier 2017
Sur face book, les commentaires sont plus vifs encore. C’est le cas de Dilungidi Ngandu pour qui Kabila s’entête :#RDC: Il ne reste qu'une seule solution face au blocage de la #MP; Soit #Kabila s'impose et organise son référendum soit on applique art #64— Conscience police (@Consciencepoli2) 29 janvier 2017
« Têtus dans leur logique, le clan Kabila veut un référendum. Ce qui a été perçu un temps comme des actes de bonne foi, n'ont été que des manœuvres dilatoires pour jouer la montre et calmer d'une part la pression internationale, et de l'autre les ardeurs de la rue. »
Décidément, l’après Kabila avec Kabila n’en finit
pas de perturber la RDC depuis l’expiration de son dernier mandat
constitutionnel. La reprise est annoncée dès le retour des évêques de l’Europe.
Ce sera peut-être l’heure de vérité.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Comment trouvez-vous ce texte? Laissez ici votre commentaire, svp !