Joseph Kabila devant une maquette du gouvernorat du Haut-Katanga à Lubumbashi, 2016. Photo M3 Didier |
Est-ce l’effet Yahya Jammeh ou le syndrome
Kagame-Museveni-Sassou qui soudain se saisissent du président congolais ? Joseph
Kabila presque jusqu’auboutiste dans sa tentative de rester au pouvoir à
l’expiration de son dernier mandat constitutionnel semble lâcher du lest.
Kabila recule
d’un pas
Premier signe : Kabila apporte son soutien à la
médiation des évêques catholiques (CENCO) pour des « discussions directes » avec l’opposition ayant boycotté
l’Accord de novembre qui le maintient en poste jusqu’à la présidentielle prévue
en 2018. Pourtant, sa majorité au pouvoir a déclaré, une semaine plus tôt, ne
plus vouloir de cette médiation qui aurait échoué.
Kabila encourage donc les évêques à poursuivre leurs
consultations et déjà, jeudi 8 décembre, ces discussions démarrent avec
l’opposition réunie autour d’Etienne Tshisekedi, le Rassemblement. Dès lors la
question : Kabila hésiterait-il ? La réponse semble « Oui » au
vu des derniers développements de la politique internationale. Est-ce pour bien
sauter ? Qui sais !
Sans doute, il y a un Donald Trump dont il a salué
l’élection, presqu’en baratin. Mais il ne sait rien de lui ni de sa politique,
tant l’homme semble plein de surprises. En plus, les affaires étrangères
américaines maintiennent malgré tout la pression sur le régime à Kinshasa.
Mais il y a aussi le renoncement de François
Hollande à briguer un nouveau mandat à la présidentielle que l’opposition
exploite pour appeler Kabila à partir. L’appel des opposants prend plus de
relief encore lorsque même le dictateur gambien YayhYA Jammeh perd la présidentielle
et s’avoue vaincu par un opposant politique, se pliant à l’inéluctable
alternance.
Un Kabila
hésitant devant le congrès
Le 15 décembre, Kabila avait rendez-vous avec les
parlementaires réunis en congrès à Kinshasa. Ce fut le dernier moment solennel
de sa présidence où il aurait pu surprendre ceux qui ne le croient pas prêt à assurer
une alternance pacifique du pouvoir en RDC.
Sans rassurer ni montrer les biceps comme l’aurait
fait Nkurunziza, en déclarant son maintien au pouvoir, Kabila a entretenu le
flou. Il hésite et se contente de dire que la constitution serait « respectée dans toutes ses
dispositions ». Pourtant, ne pas organiser la présidentielle dans les
délais est décrié comme flagrante violation de la Constitution. La dualité partir
ou rester pèse.
Que va-t-il
dès lors advenir de Kabila, hésitant, fléchi et désormais discute avec ses
farouches adversaires Tshisekedi et Katumbi, ténors du Rassemblement de
l’opposition ? Sans doute, il restera à la tête du pays jusqu’aux élections vraisemblablement
qui seront fixées plus tôt. Mais il a désormais l’obligation de rassurer sur
son départ, bien entendu par les actes, principal et controversé moyen de sa
communication. Relaxer des prisonniers politiques qui croupissent toujours en
prison comme Diomi Dongola ou l’abandon des poursuites contre et Moïse Katumbi
calmeront la pression.
Kabila aura alors montré son hésitation, peut-être
aussi confirmé l’opinion qui le présente comme pris au piège des caciques du
pouvoir, qu’il vient d’ailleurs de tourner en bourrique, en acceptant ce que
l’opposition appelle « le
vrai dialogue inclusif. » Sinon, comment comprendre que Kabila qui
a annoncé plusieurs fois qu’il respecterait la constitution hésite ou se
contredise à ce point ?
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Comment trouvez-vous ce texte? Laissez ici votre commentaire, svp !