Deuxième jour, le
20 décembre, de paralysie de la ville de Lubumbashi, 2e ville de la
République démocratique du Congo (RDC). Au lendemain de l’expiration du mandat
de Joseph Kabila, des manifestants sont descendus dans la rue pour demander au
président Kabila de quitter le pouvoir. La police a procédé aussi à de
nombreuses arrestations et aurait tiré à balles réelles.
Le quartier Gécamines s’est réveillé coincé dans des
troubles. Des jeunes gens, militants de l’UDPS, parti de l’opposant Etienne
Tshisekedi, ont affronté à coups de pierres les services de sécurité déployés
pour stopper toute protestation. La police et l’armée ont lancé de nombreux
tirs. D’après les témoignages des habitants, il y a eu près d'une dizaine de morts, deux selon le gouvernement provincial du Haut-Katanga. Mais aussi plusieurs blessés dont
certains en état grave, et de nombreuses arrestations.
Panique à
Lubumbashi
Les manifestants ont tenté de progresser vers le
centre-ville, mais l’armée et la police ont réussi à les stopper. Les troubles
se sont ainsi limités à la commune de Katuba où une micro-finance a été pillée,
plusieurs bâtiments saccagés, et des stations services incendiées et des pneus brûlés sur la route. Un habitant
alerté ainsi une télévision locale :
« À la cité
Gécamines, au niveau de Kabolela, nous sommes enfermés depuis 6 heures du
matin. Nous ne savons pas sortir. »
Ces troubles ont causé une grande panique au
centre-ville de Lubumbashi, obligeant à fermer, les commerces qui venaient à
peine d’ouvrir. Même l’administration publique a libéré les fonctionnaires. Durant
plus d’une heure, jusqu’à dix heures locales, c’était des cris, des coups de
fil ou encore, des parents qui couraient chercher leurs enfants à l’école. Aussi,
le transport en commun a été perturbé, jusque dans la soirée, plusieurs transporteurs
ayant arrêté de travailler.
Des exagérations
La tension a touché aussi la chaude commune de
Kenya, fief de l’opposant Gabriel Kyungu wa Kumwanza, membre du Rassemblement
de l’Opposition. Le grand marché ainsi que les commerces ont fermé. La veille,
comme à Matshipisha, des jeunes avaient brûlé des pneus. Et, comme au
centre-ville, la psychose a parfois amplifié la situation.
« Des jeunes
intrépides bravent souvent les militaires. C’est le nœud de l’agitation. Il y a
plus de peur, d’agitation que de mal. Il y a beaucoup de prudence aussi,
parfois exagérée : cinq personnes qui, prises de peur, se mettent à
courir, entraînent des milliers d’autres qui s’en vont répandre des récits
parfois faux », explique un journaliste
habitant la commune de Kenya.
Depuis le 17 décembre, les autorités multiplient les
appels au calme alternés avec des menaces de représailles pour ceux qui
oseraient créer des troubles, entendez descendre dans la rue. Visiblement, ces menaces
et appels n’ont pas dissuadé les manifestants qui, sans mot d’ordre des leaders
politiques au départ de leur action, se sont mis à protester contre le maintien
de Joseph Kabila au pouvoir, après l’expiration de son dernier mandat que lui
autorise la Constitution.
Les jours à venir seront déterminants pour la suite
des évènements. D’abord parce qu’Etienne Tshisekedi a appelé à ne plus
reconnaître Kabila comme président de la RDC. Pourtant, président du
Rassemblement de l’Opposition qui a accepté de discuter avec Kabila pour sortir
de la crise. Ensuite, parce que le dialogue suspendu, sans compromis, devrait
reprendre en principe le mercredi.
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