Ce qui s’est passé mardi 20 décembre 2016 à Lubumbashi

Deuxième jour, le 20 décembre, de paralysie de la ville de Lubumbashi, 2e ville de la République démocratique du Congo (RDC). Au lendemain de l’expiration du mandat de Joseph Kabila, des manifestants sont descendus dans la rue pour demander au président Kabila de quitter le pouvoir. La police a procédé aussi à de nombreuses arrestations et aurait tiré à balles réelles.
Le quartier Gécamines s’est réveillé coincé dans des troubles. Des jeunes gens, militants de l’UDPS, parti de l’opposant Etienne Tshisekedi, ont affronté à coups de pierres les services de sécurité déployés pour stopper toute protestation. La police et l’armée ont lancé de nombreux tirs. D’après les témoignages des habitants, il y a eu près d'une dizaine de morts, deux selon le gouvernement provincial du Haut-Katanga. Mais aussi plusieurs blessés dont certains en état grave, et de nombreuses arrestations.
Panique à Lubumbashi
Les manifestants ont tenté de progresser vers le centre-ville, mais l’armée et la police ont réussi à les stopper. Les troubles se sont ainsi limités à la commune de Katuba où une micro-finance a été pillée, plusieurs bâtiments saccagés, et des stations services incendiées et des pneus brûlés sur la route. Un habitant alerté ainsi une télévision locale :
« À la cité Gécamines, au niveau de Kabolela, nous sommes enfermés depuis 6 heures du matin. Nous ne savons pas sortir. »
Ces troubles ont causé une grande panique au centre-ville de Lubumbashi, obligeant à fermer, les commerces qui venaient à peine d’ouvrir. Même l’administration publique a libéré les fonctionnaires. Durant plus d’une heure, jusqu’à dix heures locales, c’était des cris, des coups de fil ou encore, des parents qui couraient chercher leurs enfants à l’école. Aussi, le transport en commun a été perturbé, jusque dans la soirée, plusieurs transporteurs ayant arrêté de travailler.
Des exagérations
La tension a touché aussi la chaude commune de Kenya, fief de l’opposant Gabriel Kyungu wa Kumwanza, membre du Rassemblement de l’Opposition. Le grand marché ainsi que les commerces ont fermé. La veille, comme à Matshipisha, des jeunes avaient brûlé des pneus. Et, comme au centre-ville, la psychose a parfois amplifié la situation.
« Des jeunes intrépides bravent souvent les militaires. C’est le nœud de l’agitation. Il y a plus de peur, d’agitation que de mal. Il y a beaucoup de prudence aussi, parfois exagérée : cinq personnes qui, prises de peur, se mettent à courir, entraînent des milliers d’autres qui s’en vont répandre des récits parfois faux », explique un journaliste habitant la commune de Kenya.
Depuis le 17 décembre, les autorités multiplient les appels au calme alternés avec des menaces de représailles pour ceux qui oseraient créer des troubles, entendez descendre dans la rue. Visiblement, ces menaces et appels n’ont pas dissuadé les manifestants qui, sans mot d’ordre des leaders politiques au départ de leur action, se sont mis à protester contre le maintien de Joseph Kabila au pouvoir, après l’expiration de son dernier mandat que lui autorise la Constitution.
Les jours à venir seront déterminants pour la suite des évènements. D’abord parce qu’Etienne Tshisekedi a appelé à ne plus reconnaître Kabila comme président de la RDC. Pourtant, président du Rassemblement de l’Opposition qui a accepté de discuter avec Kabila pour sortir de la crise. Ensuite, parce que le dialogue suspendu, sans compromis, devrait reprendre en principe le mercredi.

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