Le dialogue
politique échoue en République démocratique du Congo. La communauté
internationale vient de le confirmer en convoquant à Luanda, en Angola, uneconférence pour sauver le pays de la nouvelle crise.
Faute d'inclusivité, le dialogue convoqué par Joseph
Kabila en novembre 2015 n'a pas eu d'interlocuteur capable de résoudre la crise
autour des élections. Plus que des élections, il s'agit d'une crise
d'alternance au pouvoir et de démocratie vue sous le prisme de respect des
textes : la constitution. Celle-ci, en effet, empêche Joseph Kabila, au pouvoir
depuis 2001, de se représenter à la prochaine présidentielle. Seulement, même
s'il garde un inquiétant silence sur ses véritables intentions, Kabila ne rassure
plus personne qu'il quittera son poste à l'expiration de son mandat le 20
décembre prochain. D'ailleurs, la crise en cours en RDC et qui a déjà fait des
dizaines de morts et plusieurs emprisonnements, tient à un seul fait : la
volonté du chef! Il suffira, par exemple, que le président Kabila annonce son départ,
et ce sera en partie réglé, le temps d'organiser des élections volontairement
retardées, selon de nombreux observateurs.
Echec d’un
dialogue sans vrais interlocuteurs
Le dialogue de Kabila a donc échoué, constatent
l'ONU, l'Union africaine, les grandes puissances et des organisations
sous-régionales impliquées dans la résolution des conflits congolais, vieux de
20 ans. C'est aussi l'échec d'une médiation africaine qui a maintenu un
facilitateur Edem Kodjo dont une partie de l'opposition, la plus influente, ne
veut pas toujours. Le dialogue a été alors vu comme un « monologue »
par cette opposition réunie au sein de la plate-forme dirigée par Etienne
Tshisekedi : le Rassemblement. On y trouve des principaux acteurs pouvant aider
à débloquer la crise : l’ancien gouverneur du Katanga Moïse Katumbi,
candidat déclaré à la présidentielle, le groupe de 7 collaborateurs du
président Kabila exclus de la majorité, une partie de la Dynamique de l’opposition
et des organisations de la société civile.
Le difficile
rapprochement des points de vue
La Communauté internationale, déjà impliquée dans la
résolution des crises depuis 15 ans avec la Monusco, va donc tenter de ménager
les chèvres et les choux. On le sait, l'entente entre Kabila et le
Rassemblement semble difficile. Le premier veut des garanties d'alternance,
cela voulant dire le départ du président Kabila arrivé fin mandat. Ce dernier,
en revanche, semble déterminé à obtenir le fameux glissement ou l'équivalent du
troisième mandat. D'ailleurs, ses proches comme Henri Mova, secrétaire général
du PPRD, parti présidentiel, l'a dit clairement, il y a quelques mois. Il
évoquait le fait que Denis Sassou du Congo-Brazza, Pierre Nkurunziza du
Burundi, Paul Kagame du Rwanda et Yoweri Museveni de l'Ouganda n'ont pas étéinquiétés par la communauté internationale en s'accordant le mandat interdit.
Fait anodin ou calculé? Le président Kabila a visité récemment tous ces chefs
d'Etat, à l'exception du burundais avec qui son pays, la RDC, entretient des
relations de voisinage les moins troublées des Grands-Lacs.
Sur la carte ci-dessous, regardez les principaux lieux et dates des dialogues congolais depuis 1960. Cliquez sur une bulle pour voir les détails!
Sur la carte ci-dessous, regardez les principaux lieux et dates des dialogues congolais depuis 1960. Cliquez sur une bulle pour voir les détails!
Dialogue, sous quel format alors? L'idée n'est pas
encore claire. Le Rassemblement attend le « vrai » dialogue, référence
faite à son opposé en cours à Kinshasa. La majorité au pouvoir espère tirer
profit du consensus des assises en cours pour une nouvelle légitimité. La tâche
s'annonce ardue d'autant plus qu'avant le 26 octobre, date de la conférence de
Luanda, le 19 octobre précisément, de nouvelles violences risquent d'éclater.
Tshisekedi appelle à donner un nouvel avertissement à Kabila, carton jaune,
avant le rouge qui signifierait expulsion, le 19 décembre.
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