Moïse Katumbi candidat à la présidentielle en RDC

C’est officiel, Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga devenu farouche opposant à Joseph Kabila se lance dans la course à la présidentielle. Il l’a annoncé mercredi dans la soirée, dans un communiqué publié sur son compte Twitter.
L’annonce va faire l’effet d’une tonnerre, comme l’a été son départ avec fracas de la majorité au pouvoir et du gouvernorat du Katanga qu’il a dirigé depuis son élection en 2006. Depuis le début de l’année, l’opposition bouscule le pouvoir pour qu’il respecte les délais constitutionnels. Mais à ce jour, les chances d’un tel respect s’amenuisent, ce qui rend une certaine tension au pays, y compris dans le camp au pouvoir.
Des poursuites judiciaires et une annonce à la présidence
Dans son communiqué, Moïse Katumbi qui est visé désormais par une accusation de tentative de déstabiliser le pays, dénonce des tracasseries de la part des services de sécurité et de la police. Kinshasa l’accuse d’avoir recruté des mercenaires. Pour le ministre de la justice Alexis Tambwe qui a initié une enquête dans le Katanga, l’ancien gouverneur a recruté une dizaine de mercenaires. Un d’eux, ancien militaire américain, serait même passé aux aveux à Kinshasa, en présence des diplomates américains.
Moïse Katumbi rejette ces accusations. Il fait savoir que l’américain arrêté assure sa sécurité depuis qu’il fait l’objet des menaces, depuis son départ du camp du pouvoir. Katumbi aura ainsi été pris de court, dans cette procédure.
Après le soutien du G7 à sa candidature à la présidence, Kinshasa qui le connaît ainsi adversaire de taille pour les futures élections, ne cache plus son inquiétude. Les soutiens du Collectif des Nationalistes et de l’Alternance pour la République 2016 sont venus précipiter les choses : d’abord pour le pouvoir que plusieurs médias ont annoncé en train de « monter un complot » contre Moïse Katumbi. Mais aussi pour Katumbi lui-même, obligé d’oublier (ne fût-ce que momentanément) sa quête de consensus autour d’un candidat unique.
Arrêter un candidat à la présidentielle ?
Dans ce contexte, l’annonce de la candidature du populaire président du Tout-Puissant Mazembe, le célèbre club de football de RDC basé à Lubumbashi, peut être vue comme tentant d’inhiber l’action de Kinshasa. Car en effet, il va rester malaisé d’arrêter ce personnage désormais sous les projecteurs des médias et de l’attention du monde et qui vite peut porter la posture de la victime. Jusqu’ici, en effet, les actions du pouvoir à son égard lui donnent l’occasion de se présenter comme une victime : il évoque, dans son communiqué par exemple, les accusations portées par les médias d’Etat.
Katumbi suit donc Kinshasa dans son jeu. Mais saura-t-il ? C’est ce qu’on va voir. L’exemple des politiciens et membres de la société civile emprisonnés malgré les protestations internes et internationales, fait croire qu’une fois cerné, il sera peut-être difficile à l’ancien gouverneur du Katanga de sortir des mailles de la justice.

Contre les pressions et restrictions des libertés qu’il dénonce, Moïse Katumbi promet le changement. Il entend « établir un véritable Etat de droit en République démocratique du Congo » et poursuivre les consultations pour une candidature unique à la présidentielle qu’il attend en 2016, se référant à la constitution.

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