L’annonce va faire l’effet d’une tonnerre, comme l’a
été son départ avec fracas de la majorité au pouvoir et du gouvernorat du
Katanga qu’il a dirigé depuis son élection en 2006. Depuis le début de l’année,
l’opposition bouscule le pouvoir pour qu’il respecte les délais
constitutionnels. Mais à ce jour, les chances d’un tel respect s’amenuisent, ce
qui rend une certaine tension au pays, y compris dans le camp au pouvoir.
Des poursuites
judiciaires et une annonce à la présidence
Dans son communiqué, Moïse Katumbi qui est visé
désormais par une accusation de tentative de déstabiliser le pays, dénonce des
tracasseries de la part des services de sécurité et de la police. Kinshasa l’accuse
d’avoir recruté des mercenaires. Pour le ministre de la justice Alexis Tambwe qui
a initié une enquête dans le Katanga, l’ancien gouverneur a recruté une dizaine
de mercenaires. Un d’eux, ancien militaire américain, serait même passé aux
aveux à Kinshasa, en présence des diplomates américains.
Moïse Katumbi rejette ces accusations. Il fait
savoir que l’américain arrêté assure sa sécurité depuis qu’il fait l’objet des
menaces, depuis son départ du camp du pouvoir. Katumbi aura ainsi été pris de
court, dans cette procédure.
Après le soutien du G7 à sa candidature à la
présidence, Kinshasa qui le connaît ainsi adversaire de taille pour les futures
élections, ne cache plus son inquiétude. Les soutiens du Collectif des Nationalistes et de l’Alternance pour la République 2016 sont venus précipiter les
choses : d’abord pour le pouvoir que plusieurs médias ont annoncé en train
de « monter un complot » contre Moïse Katumbi. Mais aussi pour
Katumbi lui-même, obligé d’oublier (ne fût-ce que momentanément) sa quête de
consensus autour d’un candidat unique.
Arrêter un candidat
à la présidentielle ?
Dans ce contexte, l’annonce de la candidature du
populaire président du Tout-Puissant Mazembe, le célèbre club de football de
RDC basé à Lubumbashi, peut être vue comme tentant d’inhiber l’action de
Kinshasa. Car en effet, il va rester malaisé d’arrêter ce personnage désormais
sous les projecteurs des médias et de l’attention du monde et qui vite peut
porter la posture de la victime. Jusqu’ici, en effet, les actions du pouvoir à
son égard lui donnent l’occasion de se présenter comme une victime : il
évoque, dans son communiqué par exemple, les accusations portées par les médias
d’Etat.
Katumbi suit donc Kinshasa dans son jeu. Mais saura-t-il ?
C’est ce qu’on va voir. L’exemple des politiciens et membres de la société
civile emprisonnés malgré les protestations internes et internationales, fait
croire qu’une fois cerné, il sera peut-être difficile à l’ancien gouverneur du
Katanga de sortir des mailles de la justice.
Contre les pressions et restrictions des libertés qu’il
dénonce, Moïse Katumbi promet le changement. Il entend « établir un véritable Etat de droit en République démocratique du
Congo » et poursuivre les consultations pour une candidature unique à
la présidentielle qu’il attend en 2016, se référant à la constitution.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Comment trouvez-vous ce texte? Laissez ici votre commentaire, svp !