Des jeunes de l'Unafec aile majorité au pouvoir, en train de manifester à Lubumbashi (mars 2016). Photo M3 Didier |
Deux images
contrastées la semaine dernière, en République démocratique du Congo: Papa Wemba, le père de
la Rumba congolaise, s'est éteint à Abidjan en pleine production. Pendant ce
temps-là, en politique, l'opposition marche pour la démocratie. Voici ma semaine d'actualité!
Papa Wemba n'est plus. La nouvelle a secoué le monde
entier. "Père de la rumba", "sapologue", ... il était aussi penseur. Sa musique avait cette originalité qui le
plaçait en droite filiation de la grande famille-école des "pères" : Wendo,
Jeff Kale, Franco Lwambo. Wemba, ce n'était plus une affaire congolaise. En témoigne, le lieu où est allé mourir. En capitale ivoirienne, il était africain; au Bénin lors de la visite papale, il était simplement catholique : universel et chrétien!
Le maître s’est
éteint comme un soldat
Papa Wemba est mort comme un soldat, arme à la main.
C'est une consécration, bien au-delà de toute douleur qu'inflige cette mort
subite. Mais c'est cela aussi la fête : la musique va s'habituer à
voir tomber, comme sur le champ de bataille, des artistes bien aimés des publics. Je citerai, de mémoire, Miriam Makeba morte en Italie peu après un malaise ressenti sur la scène.
Le chanteur Papa Wemba. Source: Commons, wikipedia.org |
Le football, l'armée, l'enseignement, la politique,
des prêtres... ont vu des gens tomber en plein exercice de le profession.
J'aimerai que s'arrête rapidement cette polémique qui
commence sur le secours (de bonne qualité ou non) de la Croix-Rouge ivoirienne.
Les malaises en pleine scène, ce sont des choses qui arrivent : souvent, leur caractère subite déborde tout
le monde. Même l'Europe la plus avancée en santé ne sait rien faire parfois.
Un anniversaire de
démocratie qui n'existe pas du tout
En vérité, dans un pays où la démocratie se vit, il
n'y a pas deux célébrations séparées d'anniversaire de la démocratie... Seulement, voilà qu'en RDC, personne ne sait où se
trouve la démocratie ni où la trouver. Tâtonnements, parfois on y va à reculons.
Il y a 26 ans, le Congo-Zaïre a cru décoller et
toucher le ciel des libertés. Il y a 26 ans, le 24 avril, Mobutu acceptait le
multipartisme, en effet.
Le PPRD de Joseph Kabila célèbre la
démocratie, dans un meeting dans la capitale, dénonçant la volonté de
certains opposants de prendre le pouvoir par la force. Il appelle
au dialogue, comme toute la majorité au pouvoir, mais la veille et le jour même
de la célébration de la démocratie portée par le président Kabila, déclare-t-on, le régime arrête les citoyens qui manifestent
pacifiquement. C'est aussi une démocratie!
#RDC La répression policière des manifestations pacifiques, une population non armée, les mains en l'air,#Lubumbashi pic.twitter.com/d7fLCyGsUv— Michael Tshibangu (@MichaelTshi) 24 avril 2016
On se demande au moins comment aller au dialogue que ne cesse d'appeler le chef de l'Etat congolais.
A l'inverse, l'opposition qui se plaît à passer pour
la victime, barre toute voie au dialogue, et donne l'air de ne compter que sur l'embasement de la situation politique, à l'approche de la fin du dernier mandat constitutionnel de Joseph Kabila. C'est une
démocratie aussi! Personne ne sait comment cela finira. Le pire est à
craindre.
#RDC : Kabila-Katumbi, la guerre est déclarée. A lire après les manifestations de dimanche https://t.co/inngkETq2Z pic.twitter.com/4F9C6lAQ50— Christophe RIGAUD (@afrikarabia) 24 avril 2016
Démocratie... est-ce voter, descendre dans la rue?
Tout cela se fait en RDC, en effet. Pourtant, personne, même le pouvoir, ne reconnaît l'épanouissement de cette démocratie (du moins en portant un jugement sur le camp adverse). C'est sans
compter une société civile qui ne vit que pour soutenir les politiciens.
La démocratie en 26 ans, le bilan est faible, très
faible. Personne n'a de bilan positif à présenter. Je crois qu'en ce jour, si
les politiciens congolais étaient sérieux, on devait jouer franc jeu : s'asseoir ensemble et trouver
les moyens d'aller de l'avant. Malheureusement, personne ne rassure personne, et la majorité au pouvoir ne facilite pas les choses dans l'impasse qui se creuse chaque jour qui passe.
Le deuil est double, de quel bord on se trouve en ce jour en RDC: on pleure Papa Wemba, mais aussi la démocratie qui agonise.
Le deuil est double, de quel bord on se trouve en ce jour en RDC: on pleure Papa Wemba, mais aussi la démocratie qui agonise.
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