Lubumbashi : Charles Mwando interdit de se rendre à Kalemie

Charles Mwando Simba, député national et président de l'UNADEF au cours d'une conférence de presse: 20 janvier. Ph. Jeff Mbiya, Lubumbashi
Kinshasa a interdit à l’ancien vice-président de l’Assemblée nationale, Charles Mwando, de se rendre chez lui à Kalemie, dans l’ex Katanga. Le député a été débarqué de l’avion alors que les autres passagers embarquaient. Pour lui, cette interdiction est liée à son appel, le 19 janvier, à prier pour le processus électoral en panne depuis plusieurs mois.
Charles Mwando Simba était dans l’avion de la compagnie CAA qui devait l’amener dans le Tanganyika, à Kalemie. Ses assistants s’occupaient de ses bagages. Une hôtesse le rejoint et lui dit qu’un agent de l’ANR l’attend en bas, sur la piste. « Ce n’est pas à moi d’aller répondre à un agent de l’ANR »,
réplique le député. Après discussion, le député descend quand même. Fin du voyage. Pendant ce temps-là, chez lui à Kalemie, des hommes en uniforme sont signalés pour empêcher toute manifestation, et vraisemblablement son accueil. « Tout était déjà planifié », conclut le député.
Violation de la liberté de mouvement
Dans une déclaration à la presse qu’il a réunie, quelques instants après, dans sa résidence, il a dénoncé une mesure contraire à la constitution. En tant que député national, en vacances parlementaires, il allait rejoindre sa base électorale. Une exigence parlementaire. En plus, la Constitution de la RDC autorise à tout congolais de se rendre où il veut sur le territoire national, a-t-il expliqué. Seulement, l'ordre de mission qu'il a présenté expire le 20 janvier, supposé être le jour de son retour (à Kinhsasa?). Néanmoins, les vacances parlementaires courent jusqu'au 14 mars 2016.
Sur Twitter et Facebook, les internautes commentent cette interdiction. Certains dénoncent la restriction des libertés.
Un proche passé à l’opposition
Lundi 19 janvier, Mwando Simba a été vu au centre-ville de Lubumbashi, à genoux et priant pour les élections, en compagnie de Kyungu wa Kumwanza, tous du G7. Tous les deux sont opposés à la prolongation du mandat de Joseph Kabila au-delà de 2016, et ont presque le respect de des jeunes, au regard de leur expérience politique. Ils sont des plus anciens politiciens de l’ex Katanga et ont connu la dictature de Mobutu, et ont vu venir les nouveaux pouvoirs : d’abord Laurent-Désiré Kabila, puis Joseph Kabila.
Jusqu’avant leur exclusion de la majorité au pouvoir, Mwando Simba et Kyungu wa Kumwanza offraient un grand soutien au président Joseph Kabila. Mwando a même modéré en janvier 2015, dans une ferme présidentielle, dans le Katanga, la rencontre du chef de l’Etat congolais avec les notables katangais. C’était après le fameux discours de troisfaux pénaltys lancé par Moïse Katumbi, fin décembre 2014. Mais Mwando Simba avait déjà signé avec Kyungu wa Kumwanza, Olivier Kamitatu, Pierre Lumbi et les autres qui forment le G7, deux lettres dans lesquelles ils refusaient la prolongation du mandat de Joseph Kabila, après 2016. Pour la 3e fois, la majorité au pouvoir les mettait dehors, estimant qu'ils prêtaient des intentions à Joseph Kabila qui n’avait pareil projet.

Antoine Gabriel KYUNGU WA KUMWANZA en Compagnie du doyen Honorable MWANDO NSIMBA et les membres du bureau politique de l...
Posté par Abel Augustin Amundala sur mardi 19 janvier 2016
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Un appel à prier pour les élections qui passe mal
Place de la poste, Mwando Simba et Kyungu wa Kumwanza ont appelé la population à prier pour les élections et pour la paix, chaque jour pendant deux minutes, à midi. Cet appel du 19 janvier circule déjà à travers l’ex Katanga et, sans doute, a déjà précédé Mwando dans son fief de Kalemie, dans le Tanganyika. Son arrivée « était attendue, maintenant qu’il rentre comme opposant politique. Kinshasa craint peut-être qu’il fasse des déclarations à Kalemie, mais aussi un accueil triomphal risque de gêner », explique un politicien. De plus, les nouvelles autorités de la nouvelle province du Tanganyika ont interdit, en décembre 2015, « toute manifestation », même en privé.

La pression monte d’un cran en RDC, dans un contexte préélectoral déjà tendu.  Au premier anniversaire des violences du 19 au 23 janvier 2015 contre la loi électorale qui avaient fait des dizaines de morts, Kinshasa a interdit les rencontres, conférences et messes prévues par l’opposition. A Lubumbashi le G7, avec en tête Gabriel Kyungu et Charles Mwando a réuni quelques dizaines de personnes au centre-ville.

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