Le bilan de Martin Kobler avant de quitter la mission de l’ONU en RDC

Martin Kobler à New York, 2015. Photo Monusco, Flikr
Au début de sa mission en RDC en 2013, secouée par des violences qui durent depuis plus de 20 ans, Martin Kobler voyait l’est de ce pays  « comme un fantôme ». En en repartant, 2 ans après, le chef de Monusco se félicite de laisser « des ilots de stabilités ».
Martin Kobler annonce ses sentiments de satisfaction et de fierté pour son action principalement à l’est de la RDC où il arrivait en août 2013. Mais il y met un bémol : « des ilots de stabilité », à défaut d’une stabilité. Il établit cette comparaison de son « armée » :
« La force de 2012, si on fait le bilan, et la force de 2015, c’est vraiment une différence comme jour et nuit. »
La Monusco de Martin Kobler combat le M23
A la chute de Goma, la population en colère lance des pierres sur le véhicule de Kobler. Tout un symbole. L’hostilité contre les onusiens dans la région, comme d’ailleurs contre les autorités de Kinshasa, est commentée dans les médias internationaux. Quelques semaines après, l’ONU autorise la mission de combattre le M23, soutenu par le Rwanda. Une première pour une mission onusienne. C’est un succès de Kobler.
De la stabilité en RDC, le chef de la Monusco a une compréhension large : projets de développement, droits de l’homme, parfois des commentaires politiques. Cela ne lui attire pas toujours des amitiés à Kinshasa. Dans son commentaire sous un article de Radio Okapi, Florent Mayele l’admire : « Tjrs (toujours) actif, l'hoe  (homme) du terrain et chercheur de solution, il a fait son histoire dans son domaine de maintien de la paix en RDC, bye, bye. » Jean Claude Kalala, sur Facebook, est direct : 


« Ce que je retiens de Kobler, c'est son attitude à vouloir se comporter comme le coach de l'opposition, tendance à ne pas maitriser le principe sacrosaint de la charte de l'ONU "la non-ingérence dans les affaires privées de l'etat" ce qui me choque beaucoup, c'est leur souhait de voir la guerre continuer (non FDLR, non ADF/Nalu, non job) c.-à-d. il a fait la guerre à l'est comme un fonds de commerce. Rappelez-vous des casques bleu surpris avec les tenues de la GR. »
L’insoluble question des réfugiés rwandais FDLR
Martin Kobler regrette les six derniers mois de son mandat en RDC. Pas du tout de bonne coopération avec les autorités de Kinshasa, surtout pour traquer les FDLR. Pour cause, le conditionnement de la participation de la Monusco à la mise à l’écart des généraux soupçonnés de violations des droits humains.
La question des FDLR constitue une source majeure de l’instabilité que connaît la RDC depuis 1996. A la suite du génocide rwandais, une année plus tôt. Kigali s’est servi de la présence des rebelles rwandais en RDC comme alibi pour envahir le pays au motif. Les relations entre les deux pays demeurent explosives, comme l’ont révélé les affrontements entre les armées à la frontière, en 2014.
Martin Kobler n’a pas fait mieux là que ses prédécesseurs ont échoué. Mais il croit que l’union des forces entre Kinshasa et Monusco arrivera à bout des groupes armés à l’est du pays.
Tension entre Kinshasa et Monusco
La rhétorique du ministre Mende ne cache pas le regard des autorités sur la mission de la Monusco : « nous ne sommes pas sous tutelle ». Martin Kobler ne cache pas sa « frustration ». Parfois, il a eu ces sorties politiques qui lui ont valu des critiques, comme au sujet de la protection des droits humains. Scott Campbell, son adjoint aux droits de l’homme a expulsé de RDC pour son rapport sur l’opération Likofi. Le rapport faisait état des exécutions sommaires des kuluna[1]par la police.  Récemment, le chef de la Monusco n’a pas caché son indignation après l’interdiction du film « l’homme qui répare les femmes » dédié au gynécologue Denis Mukwege.
En 2011, lors des élections jugées chaotiques, la Monusco s’est contentée d’apporter son aide logistique : principalement le transport des matériels électoraux. Ce rôle risque de demeurer le même durant les prochaines élections. Les critiques réactions des congolais sont nombreuses.
Avant de partir, il a visité Moïse Katumbi à Lubumbashi. Rien d’anormal, en effet. Sauf que des mots affichés dans les tweets sont parfois interprétés comme un soutien à ce gouverneur pressenti comme candidat à la présidentielle de 2016.
Les élections présidentielles et législatives en 2016 selon Kobler
Le respect des droits de l’homme pour aller aux élections ? Martin Kobler insiste. Mais pas seulement : « dans le délai constitutionnel ».
« Nous sommes basés sur le mandat donné par le conseil de sécurité des nations unies, le respect pour les droits de l’homme, l’Etat de droit. C’est pourquoi notre position sur les élections futures est aussi assez claire. C’est la constitutionnalité du processus menant aux élections en novembre 2016 : les élections présidentielles et législatives. La communauté internationale va se focaliser de ces élections. »
Ce respect du processus électoral figure d’ailleurs parmi les conditions du retrait de la Monusco demandé avec insistance par Joseph Kabila.
  •  La réduire la menace des groupes armés
  •  Restituer l'autorité de l'Etat, y compris la lutte contre l'impunité.
  • La situation générale des élections.




[1] Des jeunes ultras, violents de la capitale.

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