Kinshasa
s’apprête à nommer des commissaires spéciaux à la tête de nouvelles provinces. Déjà
vendredi 18 septembre, les ministres ont adopté un projet d’ordonnance qu’ils
ont envoyé au cabinet du président de la République. C’est imminent et le
découpage connaît un retournement, mieux un virage.
Place de l'identité katangaise, Lubumbashi (RDC). Photo Auguy Kasongo |
Le gouvernement s’appuie sur la recommandation de la
cour constitutionnelle : « prendre
des dispositions exceptionnelles et transitoires » en vue d’assurer la
continuité des services publics dans les nouvelles provinces. D’après le
ministre Mende, porte-parole du gouvernement lors de son compte rendu, la loi
sur la libre administration des provinces (2008) prévoit que le gouvernement
central peut se substituer aux provinces en cas des difficultés.
L’opposition
crie à la violation de la constitution
A l’opposition, cette démarche viole la
constitution. Celle-ci ne reconnaît pas les
commissaires spéciaux. Mais les gouverneurs élus, comme d’ailleurs leurs
adjoints. L’option des élections dans un
bref délai ne tient plus. Le premier ministre Matata n’a été
formel : le gouvernement n’a pas de moyens pour ces élections. L’arrêt de
la cour a recommandé à la CENI d’élaborer un nouveau calendrier des élections.
Depuis, silence ! La saisine de la cour par la CENI reste suspecte. Elle
pourrait bien avoir été recommandée par Kinshasa quasiment au bout du tunnel. Difficile
de reculer et suspendre ce découpage décrié.
Des commissaires
nommés face aux assemblées hors-mandat
Confusion. Non seulement des commissaires spéciaux
vont diriger les provinces à la place des gouverneurs élus, cette transition
n’est pas délimitée dans le temps. Puisque la CENI n’a pas indiqué à quel
moment auront lieu les élections. Sans doute, elle doit attendre les moyens qui
manquent au gouvernement.
Outre ces limites, le principe même de
fonctionnement des institutions provinciales change de substance. Puisqu’ils
sont nommés, les commissaires spéciaux n’ont pas logiquement des comptes à
rendre aux assemblées provinciales. Ils contrôlent le gouvernement provinciaux
parce qu’avant tout, leurs responsables sont élus.
Retournement d’un
découpage qui gêne
Pas de doute que le découpage a échoué. Difficile de
trouver une commune mesure entre la vitesse prise depuis juin par le
gouvernement dans l’installation des nouvelles provinces et le retard qui suit
l’élection des gouverneurs et leurs adjoints. En juillet, lorsqu’il pressait le
processus, Evariste Boshab annonçait que les élections auraient lieu avant le
13 août. Rien n’aura tenu comme prévu, jusqu’à la date d’entrée en vigueur des
nouvelles provinces.
Au Katanga, particulièrement, le blocage prend des
aspects économiques : la vie chère. Pour un politique, sous anonymat, le
recours à la Cour constitutionnelle tend à confirmer la thèse d’un découpage en vue de combattre Moïse
Katumbi. La rumeur va bon train à Lubumbashi sur les motifs de l’annulation
des élections des gouverneurs. Ce serait après avoir remarqué que les candidats proches du
gouverneur du Katanga étaient favoris, à plusieurs postes et pas seulement au Katanga.
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