Loi sur la répartition des sièges et petits coups au parlement de RDC

Les divergences (conflits ?) entre les deux chambres du parlement congolais se cachent mal depuis janvier 2015. La loi sur la répartition des sièges pour les locales et municipales en RDC votée mardi 11 août 2015, presqu’in extremis au sénat, donne chair à une espèce de conflits (de leadership ?).

Les présidents du parlement de rdc. Source: Digital Congo
Fin juillet finit la session extraordinaire sans la loi pour laquelle a été convoquée des semaines avant. Les discours des politiques se font fort critiques à l’endroit des sénateurs vus alors comme des « voulant créer une confusion ». Une seconde session est ouverte une semaine après et la loi est votée dans « une dizaine de minutes » par 77 sénateurs favorables sur les 108 qui composent le sénat, une partie de l’opposition ayant boycotté le vote.
L’opposant politique Martin Fayulu râle : « Quelle honte ! (…) Révision constitutionnelle en 2 jours (2011), loi sur la répartition en 30 minutes (2015). »
Légitimité et légalité des parlementaires
En janvier 2015, en pleine révision de la loi électorale contestée apparaît la première divergence entre
les chambres du parlement, entre leurs animateurs. L’assemblée nationale maintient le recensement de la population comme préalable à l’organisation des élections, le sénat vote par contre la même loi sans cette condition et, cela correspond à la chute des contestations. Retournée à l’assemblée nationale (puisque votée en des termes différents), les députés rayent carrément de la loi, l’alinéa à problème.
Dans son discours de clôture, Aubin Minaku, président de l’assemblée nationale, se présente lui et ses députés comme des « vrais représentants du peuple » s’attaquant ainsi aux sénateurs qui viennent de jeter un discrédit sur les députés sommés de revenir sur un texte qu’ils ont passé oubliant la contestation. A Kinshasa, des citoyens saluent au moins la sagesse de Kengo wa Dondo et son sénat. Même s’ils sont hors mandat mais dans la légalité, les sénateurs s’affirment en s’opposant aux textes des députés, comme des sages. Et cela gêne politiquement s’ils peuvent être vus comme plus libres et souverains.
Aubin Minaku (g) et Léon Kengo (d), présidents du parlement RDC. Ph. Okapi

Face-à-face : le numéro 2 de RDC et le chef de la majorité au pouvoir
Derrière cette bataille, une composition de l’appareil dirigeant du pays compliqué à comprendre : Kengo wa Dondo est opposant ou se dit tel ; ses paires ne le reconnaissent pas tous comme tel. Il est pourtant président d’un sénat acquis à la majorité au pouvoir. En janvier comme en juillet-août, il s’est affirmé comme un « sage », son institution y comprise. Numéro 2 du pays, président du sénat, il a pourtant la préséance sur des figures montantes de la majorité au pouvoir : son collègue de l’assemblée par exemple.
Aubin Minaku comme d’autres sont en droit de réclamer de jouir de pareille aura, mais ils ne peuvent s’en couvrir. Au contraire, le ministre Boshab est presqu’humilié lorsque la loi qu’il défend est jugée incohérente et contenant plusieurs erreurs par un sénat aux couleurs de la majorité au pouvoir. Aubin Minaku lui aussi lorsque son institution donne l’air d’une passoire et celle générée par « un opposant » se montre « sérieuse ».
La vitesse avec laquelle cette loi a été votée laisse présager une volonté d’aller vite droit au but : vers les élections locales et municipales. Or, pour le ministre Kinkey Mulumba qui parlait sur RFI jeudi 13 août 2015, « ce calendrier n’est pas réalisable », on est « déjà dans le glissement ».

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