Lubumbashi: L'Unafec renouvelle sa confiance en Kyungu wa Kumwanza

La crise n’en finit pas au sein de l’Union nationale des fédéralistes du Congo (Unafec) de Gabriel Kyungu wa Kumwanza. Le 21 avril dernier, le comité national vient de renouveler sa confiance en son président national, destitué à partir de Kinshasa par un comité national du parti que Lubumbashi désigne comme n’ayant pas mandat de représenter le parti.
Source: radiookapi.net
La destitution de Kyungu wa Kumwanza de l’Unafec le 18 avril témoigne d’un malaise qui prend au sein du parti. Au départ, une destitution du secrétaire général du parti Modeste Sakatolo et certains autres membres du parti dont des députés. Ils se sont prononcés en faveur du découpage territorial auquel ce parti fédéraliste s’oppose. En réponse à cette décision du parti, le comité national s’est réuni à Kinshasa et a décidé de destituer Kyungu de son poste estimant qu’il a violé les statuts du parti. Le parti « réitère sa confiance au président national Kyungu wa Kumwanza seul statutairement habilité à engager le parti. »
Les statuts du parti
L’interprétation des statuts du parti pose problème, en clair. Kyungu se trouve en face d’un cas qu’il connaît bien : Honorius Kisimba Ngoy, ancien président du parti, son prédécesseur. Pour avoir déchu le secrétaire
exécutif sans aval de la majorité de son comité national, explique un membre de l’Unafec, il fut déchu et remplacé par Kyungu wa Kumwanza. Kyungu échappera cependant à cette fin. Il est fondateur du parti. Comme les autres au pays, il est inamovible ou presque. C’est une loi non écrite. Sakatolo et ses amis ne l’ignorent pas : comme le MPR sans Mobutu est simplement un nom, l’UFERI qui fit des frissons à Mobutu (à laquelle Kyungu fut membre) une histoire après Nguz, l’Unafec sans Kyungu « c’est simplement inimaginable », commente un journaliste. C’est dire qu’en RDC un parti politique c’est avant tout son président, son fondateur. Pourquoi donc ont-ils osé ?
Pas du tout intimidé
Kyungu wa Kumwanza ne semble pas du tout intimidé. Il appelle à « libérer les politiciens qui sont dans les prisons » tout en pensant à Jean-Claude Muyambo dont le parti a fait flotter le drapeau au meeting tenu au siège de l’Unafec. Un rapprochement de l’opposition qu’il ne craint pas. Il annonce tout de même qu’il reste dans la Majorité au pouvoir. A propos des élections, il veut « des élections propres ». Il ironise : « Unafec aura ses candidats à tous les niveaux (...) tu ne veux pas, tue-toi. » Et recourant à une image du football, il poursuit « montons sur le terrain. Que celui qui sait dribler, qu’il drible ! » Enfin, Kyungu lance : « Jouons franc » avant de poursuivre : « Nous nous insurgeons contre toute forme de tricherie, intimidation, assassinat,… laissez les congolais tranquilles. »
De cette manière, Kyungu entend démontrer qu’il n’est pas un homme fini. Il annonce : « nous vous battons aux élections ! »
Découpage territorial, fin de mandat, affaire des pénaltys
Le communiqué du 21 avril de l’Unafec parle des efforts tendant « à créer au sein de l’UNAFEC, un climat malsain pour des raisons inavouées » et d’une instrumentalisation de ses membres. Pour Kyungu wa Kumwanza, il s’agit-là d’une manœuvre visant à le « déstabiliser. » Déstabiliser Kyungu wa Kumwanza. Pourquoi donc ? A qui cela profiterait-il ? A plusieurs, explique un  politique. D’abord le pouvoir sur qui Kyungu tire à boulets rouges depuis le retour de Moïse Katumbi en décembre 2014. Ce n’est pas encore effacé le mal consommé en s’affichant à côté de Moïse Katumbi avec son discours des faux pénaltys. Kyungu a aussi été parmi les 7 partis frondeurs signataires de la fameuse lettre demandant à Kabila de clarifier ses intentions sur l’avenir de la MP. Rien d’anormal qu’il soit malgré son âge, cet homme qui aspire au changement. Les 13 parlementaires qui écrivirent à Mobutu lui demandant de démocratiser le pays, avant la naissance de l’UDPS, il en fut un. Mais Kyungu est avant tout ce « baba » (père) du Katanga, aujourd’hui blessé, diminué par ce découpage « précipité ». Il reste populaire et influent, mieux que quiconque. Sa campagne de contre ce processus, une pétition en cours, gêne Kinshasa. L’action de Sakatolo et alliés viserait ainsi à fragiliser le parti dans l’espoir de réduire encore plus ce leader qui réapparait progressivement sur la scène nationale. Se mettre Kyungu sur le dos n’est pas sans conséquence en termes d’opinion au Katanga.
Pas très calme

Mais Kyungu n’est pas non plus calme. En désavouant sa ministre, il prend le risque de la perdre. Elle est députée et elle peut revenir à son siège. D’autres députés peuvent eux aussi partir. Le comité national demande aux autorités de « tirer les toutes les conséquences quant à ce » et « regrette qu’une personnalité de son rang (la ministre) affiche [un comportement] indigne qui n’honore pas l’excellence. » Quant aux autres députés ayant participé à la réunion, il tempère la pression et annonce qu’« ils sont le choix » de partir ou rester dans le parti. La dernière option l’arrangerait.

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