Les raisons d’un échec prévisible de découpage en RDC (suite)

Pour 7 élections prévues entre octobre 2015 et décembre 2016 (février 2017…), Kinshasa a besoin d’une aide extérieure parce qu’incapable malgré ses richesses de mobiliser 1,3 milliards de dollars. Imaginer qu’en plus des miettes qui seront données, déjà qu’on tend à ne privilégier que les présidentielle et législatives, je parie que sauf un miracle de Saint Nicolas, apporterait à la RDC trois milliards pour installer ses provinces.
11 provinces faibles et 15 « sous-provinces » défavorisées
Source: rfi.fr
Ces provinces même sont de deux natures. Celles qui ont comme chef-lieu, les sièges des institutions des 11 provinces éclatées. Les 15 autres posent problèmes. Ce sont principalement des petites villes non urbanisées, aux moindres bâtiments, comparativement à ceux des actuelles provinces. Les districts sont pauvres et moins importants, c’est la conséquence d’une trop grande centralisation du régime Mobutu qui a continué jusqu’ici. Plusieurs commenceront sans infrastructures suffisantes. Et c’est là que le bât blesse. Certains, comme le Haut-Katanga, préparent déjà les institutions
politiques et « un leadership fort. » On reproche par exemple au Katanga d’avoir centré les investissements sur Lubumbashi et donc le Haut-Katanga. Déjà des mots ne manquent pas : on parle du Katanga utile (minier) et du Katanga inutile (non minier, pauvre). Voilà qui devrait créer des mécontentements, des résistances.
Adieu Katanga : oui, mais….
Au Katanga, des voix s’étaient déjà levées bien avant même que fût votée la première de la série des lois sur le découpage territoriale et la décentralisation. Parmi les ténors, Kyungu wa Kumwanza et Moïse Katumbi. Géographiquement, cela représente le Katanga non minier (mais influent puisque spacieux et démographiquement le plus important) et le Katanga minier. Il ne faudrait pas tomber ici dans l’erreur en croyant que les résistances portent sur les richesses. Les anciens du Katanga sont assurés d’une chose : le Katanga se veut uni et c’est une fierté. Il y a en tout, l’histoire que personne n’ignore : celle des tentatives de sécession. Mais il y a aussi cet orgueil (positif) katangais avec ses leaders politiques influents sur la scène politique, un Katanga le poumon économique du Congo. C’est aussi ce poids politique qui a bougé Mobutu dans une coalition Union sacré (UDPS, UFERI), cette influence politique qui soutient Laurent-Désiré Kabila puis Joseph Kabila.
Cette image, ce rêve de grandeur sont défendus parfois avec violence. C’est le cas des Ex Katangais, ces combattants retirés en Angola après la sécession et la guerre de 77. Entre-temps, ils ont vieilli, mais on parle encore d’eux parfois. Il y a aussi ce mouvement ombrageux représenté par les Bakata Katanga.
Kyungu wa Kumwanza a annoncé une pétition en vue récolter des signatures qui feront échouer le découpage. Sa réaction depuis la promulgation de la loi sur l’installation des provinces est attendue depuis plusieurs jours maintenant. Il reste calme. Moïse Katumbi lui rappelle qu’il a dit en son temps son opposition à cette division. Aujourd’hui, il s’incline devant la voix de la majorité. Mais des insinuations ne manquent pas. A Kolwezi, alors qu’il appelait à ne pas céder  au tribalisme, il lançait : « restons unis. » Or, l’unité finit avec le Katanga. Avec les nouvelles provinces, bonjour régionalisme, bonjour tribalisme.
Des risques
L'entrée des Bakata Katanga à Lubumbashi. Source: Radiookapi.net
Le Katanga n’existe plus. On se prépare à l’accepter ainsi ou à le refuser. Trois des quatre provinces (Tanganyika, HautKatanga, Lualaba) semblent se satisfaire de ce découpage. On espère créer un développement qui n’est pas venu depuis l’indépendance du pays. Ce ne sont là que des promesses. 

  • Reproduire le schéma de Kinshasa

Les animateurs des nouvelles institutions sont seront sans doute tirés des actuels députés ou des députés à venir. Dans les deux cas, ils sont habitués à la gestion du pays telle qu’elle est connue à ce jour. Et donc, le premier des risques c’est qu’ils reproduisent le même schéma : se faire des clients, par des alliances et des cadeaux pour avoir en retour une couverture sur la gestion au quotidien des institutions locales. Les 11 provinces finissantes n’ont eu de cesse de réclamer la rétrocession des 40% des recettes nationales, bloquées à Kinshasa. Mais à leur tour, ils ont reproduit le même schéma aux entités décentralisées en bas de l’échelle. A un moment, le Katanga a menacé de réduire davantage la rétrocession à ces entités au motif qu’on n’en voie pas des œuvres. La gestion connaît des problèmes sur toute la ligne.
  • Il se pose aussi le problème de leadership
Les provinces ainsi diminuées, affaiblies, seule peu vite émerger l’autorité centrale à laquelle désormais tout le monde doit se référer. Mais hélas, les rivalités sont aussi à la porte tout de suite que les leaderships locaux des provinces ont besoin d’accéder à la superstructure. Le principe de représentativité des provinces dans le gouvernement central pourra lui aussi créer des tensions ou le moins possible, conduire à des gouvernements assez gigantesques. Déjà que les rivalités internes ont commencé au Katanga, on se demande qui sera gouverneur de telle ou telle autre province. Apparaît vite l’élément tribal, « l’importance » (influence) des tributs. Or dans ce domaine, la territorialité est un élément fondamental ; il sert en même temps de facteur d’exclusion. Le discours est simple : cette ville est chez nous, à nous la préséance. Ça passera, la pullule ? Si par malheur ces rivalités venaient à s’aiguiser, les nouvelles institutions tomberont. La RDC se sera ainsi balancée dans un bond, cinq décennies en arrière. Kinshasa pourra même décréter un état de siège dans l’espoir de maîtriser la situation. Décision très risquée elle aussi.
  • La question Kolwezi
Restent insolubles, les résistances à la limitation territoriale dans le Lualaba. L'association Luanzo voudrait que Kolwezi soit une province, Lubudi ne trouve pas pourquoi il devrait faire dorénavant partie du Lualaba dont il ne faisait pas partie alors dans sa structure de district. Depuis un temps, plus de voix. Pourtant, vu l'ampleur que le dossier a prise avant d'observer ce silence, il y a à se demander si c'est une capitulation ou un étouffement. Dans ce dernier cas, c'est dangereux.
  • Enfin, l'autre danger porte lui sur la sécurité
Police en construction, armée en préparation et pouvoir central faible, combinée avec un climat politique infesté par les soupçons sur la fin des mandats et les élections, le découpage territorial constitutionnel fait à la hâte est une bombe.

Retrouvez la première partie de cet article en cliquant sur ce lien.

Commentaires

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