Nous l’appelons la première, « Wantanshi »,
avec un cœur gonflé d’orgueil inavoué! Oui, c’est ce qu’on croit et à plusieurs
égards, cela est justifiable. Mais quand on se fâche, place aux épithètes peu reluisantes. Lubumbashi,
quel vieillard !
Lubumbashi
Wantanshi
La colonisation a fait Elisabethville (actuel
Lubumbashi), jumelée à Liège, une référence congolaise. Elle abrite la
Gécamines, le grenier du pays. C’est aussi un Vice-gouvernorat[1]
général qui ne rend des comptes directement à Bruxelles. Après la grande
guerre, la ville sera un des grands centres de rayonnement social, culturel et même
politique. Le premier périodique, puis des quotidiens, voient le jour dans
cette ville. Les bonnes écoles, puis la première université officielle
(publique) contrairement à l’université catholique de Léopoldville, a vu aussi
le jour dans ce qui est devenu Lubumbashi. Grand nombre des leaders politiques
sont passés par là. Cette ville était aussi la capitale d’un pays, la
République du Katanga. Aujourd’hui, disons simplement que c’est là le siège du
bouillant TP Mazembe qui a croisé l’Inter de Milan à la coupe du monde des
clubs !
Un Vieillard
maladroit et fiévreux
Simplement de l’histoire tout cela ? Plus un
seul quotidien, pas plus de trois hebdomadaires réguliers une cinquantaine.
Surtout, ne sortez pas de chez vous lorsqu’il veut pleuvoir ou lorsqu’il a
plus. C’est une rivière sans rive.
C’est ce qui est arrivé jeudi 18 février lorsque
circulation pour un reportage,
dame la pluie a décidé de tout gâter. Quel océan
la prestigieuse avenue Laurent-Désiré Kabila ! Peut-être parce qu’on l’a
arrachée à Mobutu qui lui donnait sont nom. Pour se déplacer d’un bout de
l’avenue à un autre, alors qu’il avait cessé de pleuvoir, il fallait monter
dans un chariot poussé : 200 FC le passage. L’an dernier, à la même
période, la rivière Lubumbashi qui n’est pas entretenue depuis longtemps
entrait en furie. L’eau était jusque dans les maisons riveraines, mais aussi
empêchait le passage. Même pour les véhicules. Elèves et autres passants ne
savaient pas se rendre à l’école au centre-ville, à moins que de décider de
monter dans un chariot. On parle de drainage, mais lorsqu’il pleut on ne sait
voir où se limitent les routes.
Ville centenaire
Malheureuses la
Première n’en finit pas avec ses chroniques qui énervent. Vers 15 heures,
près du zoo de Lubumbashi, un arbre tombait sur une jeep coincée dans un
embouteillage. Fatigué de vivre sans entretien, le glas de ce maudit arbre
avait pourtant sonné. Dommage pour le pauvre qui perdait ainsi ses jambes et un
bras. Ce qu’a dit l’assistance ? Sans doute la désolation, la colère
contre cette vielle première ! On attend qu’un arbre tombe pour qu’on le
retire souvent avec grand retard, alors qu’on devrait savoir où se trouvent les
arbres qui ont le plus vécu. Les services de l’environnement existent, mais on
dirait que prévenir n’existe pas.
Dans cette ville créée en 1910, qui a fêté donc son
centenaire en 2010, les premières rénovations ou réhabilitations des
infrastructures ont été vues à partir de 2007 avec les cinq chantiers, sous
Moïse Katumbi comme gouverneur du Katanga. Tout est donc à refaire : pas
de parking adapté aux besoins et défis actuels d’une ville qui compterait 6
millions d’âmes et une infinie de véhicules. L’habitat lui-même est grave, à
part celui de ceux qui peuvent se payer des matériaux durables.
Les bâtiments publics eux-mêmes qui faisaient la
fierté et l’orgueil des amoureux de Lubumbashi Wantanshi attendent le jour où ils s’écrouleront. Plusieurs datent
de l’époque avant l’indépendance. Mais la tradition elle demeure malgré
tout : la ville continue d’être la première. Cette fois, même en manque de
confort ?
[1] Ce
statut avait été décidé par Bruxelles pour rapprocher l’administration des
entités vues sous menace anglaise, au sud.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Comment trouvez-vous ce texte? Laissez ici votre commentaire, svp !