La bancarisation
des salaires pour les fonctionnaires de l’Etat, en milieux ruraux, connaît de problèmes en République démocratique
du Congo. Surtout en ce qui concerne le respect des programmes scolaires.
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Kinkondja, Katanga: paie du salaire des enseignants. Ph. @tmb_cd |
A Sandoa, dans le district du Lualaba au Katanga, à
la fin de chaque mois, plusieurs écoles arrêtent de fonctionner pendant au
moins trois jours, renseigne un enseignant du secondaire. Il s’agit des jours
durant lesquels les enseignants vont « faire la file », pour
percevoir leurs salaires des agents envoyés par des banques qui n’ont pas de
représentations sur place.
Pas de banques
dans le Katanga profond
Cette situation est encore plus accentuée pour les écoles
qui viennent de l’intérieur de Sandoa. Certains parcourent jusqu’à 50 ou 100 km
pour arriver au centre de paie où souvent, il y a un ou deux payeurs pour des
centaines, à un rythme parfois capricieux et lent. Le moyen de transport le
plus facile pour plusieurs est le vélo. Il faut alors carrément un jour de
départ, un de retour et si tout marche pour le mieux, en attendant le salaire.
Des jours
irrécupérables au programme scolaires
Mais cela ne suffit pas. Pour ceux qui viennent des
villages reculés du territoire, lorsqu’on arrive à Sandoa, le chef-lieu du
territoire, c’est comme si l’on arrivait en ville. Il y a un peu de tout,
surtout de la bière et des magasins de luxe, au prix malheureusement d’un
centre rural situé à près de 700 km
au nord-ouest de Lubumbashi. On doit donc se payer certains petits biens comme du savon de toilette ou un pagne pour son épouse, ou une robe pour sa fille. Cela peut prendre un jour.
au nord-ouest de Lubumbashi. On doit donc se payer certains petits biens comme du savon de toilette ou un pagne pour son épouse, ou une robe pour sa fille. Cela peut prendre un jour.
Au total, pas moins de quatre jours sont consommés
chaque jour. Au lieu de 26 jours de classe, plusieurs écoles fonctionnent à semi-régime,
à 23 voire 21. Au lieu de 220 jours comme prévoit le calendrier scolaire au
primaire et 222 au secondaire, on en arrive à 190 jours, soit 30 jours de moins,
un mois sans enseignements durant l’année. Cela fait des centaines d’heures
pour les classes. Aucun arrangement, malheureusement au niveau des écoles, pour
récupérer ces retards. Je crois que cela soit énorme pour la formation des
jeunes.
Une action
inachevée
La bancarisation a sans doute réussi à rendre aux
enseignants leur salaire dans les proportions presqu’intégrales. Finis les
coupes illégales et les détournements. Mais où elle semble ne pas réussir,
c’est en milieux ruraux justement, sans banque ni aucune autre institution
financière. La situation que connaît Sandoa est commune à plusieurs
territoires : Kapanga, Dilolo, Lubudi … où les banquiers n’arrivent que pour
payer et repartir. Un retour à la caisse d’épargne par exemple, constituerait
un salut pour les programmes scolaires.
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