Le
président Blaise Compaoré chassé du Burkina Faso a quitté son exil de Côte d’Ivoire
pour le Maroc. L’incertitude n’en finit pas de creuser profond pour celui qui a
régné durant 27 ans sur le pays des Hommes intègres. Le Maroc ! C’est finalement
la destination finale de plusieurs dignitaires africains en fuite : parmi
eux, Mobutu reste célèbre. Et s’il avait seulement préparé sa sortie honorable ?
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Source: Jeff Ikapi, mondoblog |
Un jeune homme qui vient de perdre une
nouvelle dent demande à son grand père pourquoi les dents lui tombent de la
bouche. Calme et bien dans sa peau de sage et ancien, il l’approche, le tenant
par la main et lui dit : « la
dent est dure. Voilà pourquoi elle se brise. Tu verras, la langue elle, ne
tombe jamais. Puisqu’elle est flexible. Sois comme elle, mon petit ! »
Dure
comme dent
Ce n’est pas le fait que Blaise Compaoré
ait quitté le pouvoir qui m’intéresse. De toutes les façons, de gré ou de
force, il le quitterait un jour. Le comment de ce départ, aussi humiliant
fût-il, ne m’impressionne pas non plus. Ce qui me pousse à rédiger ce billet c’est
finalement cette observation du vieux à son petit-fils : « dur comme
dent, on se casse. » On ne casse rien en réalité. Effectivement Compaoré cassé
s’est cassé davantage en passant du haut de son rang à un fuyard, et du fuyard
à un papillon en errance désormais.
La
demeure des papillons
La Côte d’Ivoire ne pouvait pas contenir
un Compaoré. Mal élu ou plutôt arrivé au pouvoir dans les conditions qui
restent exclusives pour lui, Ouattara ne devait que le lâcher. Encore que
pendant ce séjour de plus de 3 semaines le pouvoir a vacillé avec les flics affamés
ou presque. Que c’est dur. Chassé par la foule qui n’a pas reculé malgré les
feux ouverts sur elle à Ouaga, voilà que rebelote ! la même musique surgit
au pays du refuge. On se rappelle alors qu’on est en pâque, oh, que dis-je, passager ! Allons alors au Maroc. Or c’est
un pays interdit. Jamais deux sans trois ? Quelqu’un fuyant lui aussi ses
dettes face à son peuple est allé reposer en pièce là, au bord de la méditerranée.
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Probablement ce pays est choisi pour sa « stabilité ».
Mais surtout, je le crois bien, il est loin de tous les bruits des crieurs, loin
de l’Afrique des blacks qui se charcutent sans pitié. Mais il semble qu’il y a
quand même le Sahara occidental dans ce coin. Mais là, c’est une autre affaire !
Mais toujours on se rappellera, comme
dans la bible qu’ « on est
passant » ou passager. Autant en emporte le vent ! De quoi
rapidement choisir d’habiter à côté du grand maréchal qui n’a plus à éprouver
ni honte ni remord.
A propos de cette demeure des fuyards,
Rfi précise :
« Dans
les années 1960, Mohamed Boudiaf s’était installé à Kenitra dans le nord de
Rabat. Le cadre du FLN algérien séjourna au Maroc pendant près de 30 ans avant
d’être rappelé en 1992 pour occuper la présidence de l’Algérie jusqu’à son
assassinat six mois plus tard (…) en 2009, le Maroc accueillait pendant dix
jours le président guinéen Moussa Dadis Camara. Il est alors hospitalisé dans
la capitale marocaine après une tentative d’assassinat par balles pour ensuite
trouver refuge au Burkina Faso. »
Bien
parler n’est pas mentir
La langue, toute voltigeuse et versatile
qu’elle est pour les gens indignes de confiance, sait toujours sauver. Même lorsqu’on
est en pleine merde. Et celle dont s’est couverte les désormais papillons-compaoréens
(lui et les siens) est profonde. Après 27 ans de règne, un règne d’assez longs
d’Afrique, il prend lui aussi le chemin balisé des années avant par celui qui
est allé mourir au Maroc, Mobutu. Tout cela, parce qu’il a mangé sa langue,
mordant qu’il était et ayant vidé tout le tact de fin négociateur qu’il se
fabriquait.
Courage Blaise ! Il t’attend !
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