Le drame Lupopo vs Sanga balende : arrêtez de politiser les sports

Encore des morts et des casses après un match de football dimanche 23 novembre dernier à Lubumbashi. Décidément, on reste loin du rêve de loisir à travers le football. Sanga Balende vs Lupopo, au moins deux personnes y ont péri comme il y a environ trois ans dans Vita Club vs Mazembe, au moins cinq autres avaient trouvé la mort… et la liste est longue. Sortira-t-on de ce cycle de violence dans le football ?
Affaires des politiques
Kinshasa-Stade des martyrs: l'équipe de St Eloi Lupopo. Source: radiookapi.net
Les équipes de football, les plus en vues, appartiennent aux politiques ou sont animées par des politiques. Cela ne facilite pas la tâche dans l’arbitrage des différends ou des matchs. Voilà qui ne manque pas de créer des conflits parfois violents comme celui de dimanche 23 novembre dernier au stade Kibasa. Car finalement, comme en politique, le conflit passe pour la règle, à la congolaise. Les inimitiés en lieu et place de l’adversité entre équipes sportives germent confortablement. Que dis-je ! Elles génèrent, ces inimitiés.

Tout pourtant, d’après les analystes sportifs, s’est acceptablement bien passé entre Sanga Balende et Lupopo. Du moins l’arbitrage. La confusion a commencé lorsque, menés au score par l’équipe venue de Mbuji-Mayi, les fanatiques de Lupopo de Lubumbashi ont jeté des projectiles sur l’arbitre assistant ou commissaire au match. La partie est momentanément arrêtée. Il reste 10 minutes à jouer au chrono. La police étant descendue sur l’aire de jeu, j’espère dans le dessein de protéger joueurs et arbitres, elle est quelques instants après obligée de quitter sous la pression du public qui croyait encore en sa chance de changer le score.
On a tiré à balles réelles

Mbuji-Mayi: équipe de Sanga Balende. Source: sangabalende.com
Les analystes sportifs ne semblent pas reprocher assez de choses à l’arbitrage. Deux buts litigieux ont été refusés un pour chaque équipe. Cela a semblé plutôt équilibré. Et celui qui a signé l’échec des Bleus-et-jaunes ne fait l’objet d’aucun doute. Mais au dernier sifflet de la rencontre, alors que contrairement au temps donné par le commissaire au match (7 minutes), l’arbitre central n’a fait jouer qu’environ 3 minutes. Lupopo vs Sanga Balende 0-1. Voilà qui frustre. Le désordre, la colère des supporters de l’équipe de Lubumbashi. Et c’est la débandade. La police lance le gaz lacrymogène et selon plusieurs témoignages concordants, tire à balle réelle. Sur place, un fanatique meurt. Le deuxième tombera aussi sous une balle dans l’enceinte du stade ou dans les encablures, en dehors.
Les deux morts sont amenés par les fanatiques jusqu’à la commune où plus tard, la mairie arrivera pour le prendre. Ce sont les seuls victimes présentés jusqu’ici. Les Lumpa (fanatiques de Lupopo) annoncent plusieurs morts, prétendument emportés par la police. A la mairie, la police n’a pas reconnu la présence d’arme stade. Mais selon toute vraisemblance, les victimes présentées sont décédées par balles.
Football ou champs de bataille ?
Source: radiookapi.net
Finalement, cela fait peur à plusieurs d’aller aux stades congolais pour regarder des matchs. Loin des rêves de loisir, les stades de football sont devenus des terreaux de rayonnement des idéologies des politiques. On ne laisse plus jamais, en fait pas assez, les talents des joueurs s’exprimer à volonté sur les terrains. On use des influences, des coteries parfois tribales ou régionales. Conséquence sen tout cela : on ne peut pas faire confiance aux arbitres congolais. Même les équipes congolaises et les publics congolais eux-mêmes. Voulez-vous que de cette manière la CAF aligne un jour un arbitre de ce pays dans un match international ? On n’oublie pas les rencontres Vita-Club vs Mazembe qui ont mobilisé des arbitres étrangers sans aucune gêne de la Fédération congolaise de football. Bien entendu, cela n’est pas proscrit, mais on ne peut le recommander. C’est autodestructif.
Dimanche dernier, la situation à Lubumbashi après la rencontre de ces deux équipes a failli tourner très mal. Puisque, le public de Sanga Balende étant prétendument constitué des « originaires » du Kasaï et celui de Lupopo des « autres », c’est-à-dire ceux qui se targuent d’être katangais a connu des courts moments déviants. L’échec de Lupopo avait toutes les sonorités d’un mal qui pouvait opposer les deux communautés. Toujours avec en arrière-plan des influences politiques, font remarquer certains observateurs : il y aurait des personnes qui attendaient cet échec. Pour quel résultat ? Voir Lupopo descendre en enfer ? Ceci ne profiterait à aucune équipe ambitieuse au pays, en effet. Souvent, il faut bien se mesurer à l’une des équipes du quartet : Mazembe, Lupopo, Vita Club et Motema Pemba.

On prend des risques inutiles. Ces événements, comme d’ailleurs ceux qui se sont reproduits à Kinshasa où les fanatiques de Vita Club avaient attaqué Mazembe … sont des alertes qui devraient faire réfléchir les dirigeants sportifs et administratifs ou politiques. Le football est une drogue. Les conséquences d’un enivrement sans contrôle peut tourner au désastre si l’on n’y prend garde. Une politisation de ce sport comme d’ailleurs de tous les sports produira des remous profonds.

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