Les
avez-vous vus danser ? Ils sont forts, puissants et beaux. Voilà les mots
qui disent presque tout de l’art de danser des MBUDIE, les danseurs
folkloriques Baluba du Katanga. Des costumes aux pas de danse, sans oublier le
casting, le guerrier ou mieux brave danseur Muluba KAT attire et distille une
énergie sans cesse renouvelée.
Danse
et expressions
![]() |
Les danseurs Mbudie chantants. Photo M3 Didier, 2014. |
Le rythme est enivrant et vous met sans
cesse en transe. On dirait un exorciste va bientôt commencer à officier. Le chœur
chante frénétiquement. Hormis quelques petites fausses notes lâchées par un
jeune homme, la batterie et le rythme accéléré, surmenée, au dessus des chants,
fondent le tout en une sensation de possession par le désire de danser. Déjà,
une européenne placée juste à côté de moi se laisser aller par la beauté de la
symphonie.
Un jour, au gré d’une détente en prélude
d’un reportage très protocolaire dans un établissement d’enseignement supérieur
à Lubumbashi, je tombe sous le charme de la danse et des chants du groupe
folklorique Mbudie International de la communauté Baluba du Katanga. J’interroge
un batteur de tam-tam, il est excellent percussionniste. Il m’explique le sens
de plusieurs signes.
Des
signes…
Le danseur Mbudie est porteur de messages tout son être. En voici les plus
remarquables. Le costume. Il est traditionnel,
fait de raphia, d’étoffes cousues à la main libre avec un motif brodé de
plusieurs dessins. Cela tient au souci d’originalité, un peu comme cela se fit
à travers des siècles immémoriaux. Il est aussi fait des plumes d’oiseaux fixées
au chapeau, autour de la tête et aux avant-bras. C’est signe de beauté, comme d’ailleurs
les bijoux sassez gros roulés au
tour du cou, de la taille, du thorax et des poignets. Nombre d’entre eux sont
en bois,
taillés à la main libre ou, et c’est rare, achetés au magasin.![]() |
Une chorégraphie des danseurs Mbudie. Photo M3 Didier, 2014. |
Le danseur se pare aussi des peaux d’animaux et le choix n’est
souvent pas anodin. Les peaux des fauves, par exemple, désignent la force, la
puissance mieux la férocité ou la dangerosité. Ceci cadre bien avec l’image d’un
Muluba « guerrier » ou conquérant. La peau des antilopes, exprime
elle, la douceur. Le Muluba dit qu’il est doux. Mais il ne faut pas le
provoquer.
Ce danseur se munit de « mushale », une lance, un
gourdin, instrument de chasse et de combat. En danse comme en combat, le
courage et la bravoure se valent. On conquiert par la force, et, la force
conduit à régner, à diriger. Mais une force, bien entendu, pas pour la force,
mais elle est appelée à être bienveillante. Elle est pourtant capable de briser
si on provoque !
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Les danseurs Mbudie avec leurs cannes. Photo M3 Didier, 2014. |
Le danseur se munit aussi de Mupunga, une espèce de chasse-mouche,
symbole de pouvoir. Il se le passe d’épaule en épaule ou le secoue lorsqu’il
danse. Il sert aussi à embellir. Rendre beau, la notion est grande. Les bijoux,
les chants, la danses, le kaolin que l’on applique sur le corps, symbole de pureté,
… mais il sert aussi à rendre beau.
On danse toute la vie : de la
naissance à la mort, en passant par la circoncision, le mariage et d’autres
événements de la vie. Et chaque danse a un sens. Celle liée à la chasse, à l’art
de la guerre… fait aussi mémoire de
ILUNGA MBIDI, le père de la nation baluba du Katanga. Ces danseurs sont forts
physiquement, dressent des chorégraphies étonnantes et savent brillamment se
mouvoir sur la scène.
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