UNE EDUCATION D’URGENCE POUR PLUS DE 26.000 ENFANTS DANS LE NORD-KATANGA


Un humanitaire explique la situation au N-Katanga. Photo M3 Didier, 2014.

Au nord du Katanga, dans le triste polygone de la mort (ex Triangle de la mort), plus de 26.000 enfants sont en situation difficile pour leur scolarité ; plus de 75% ne vont pas à l’école, forcés de fuir continuellement les groupes armés qui passent de territoires en territoires, eux à leur tour, parfois en fuite devant l’armée. Pourtant, il faut bien que ces enfants étudient. Ne sont-ils pas eux aussi avenir de ce pays ? Quel avenir alors s’ils n’étudient pas ?
Un café de presse, un des rares moments où la presse lushoise a pu accéder à certaines réalités qu’ils n’ont que rarement sur le désormais polygone de la mort : Moba, Malemba Nkulu, Kabalo, Mitwaba, Pweto et Manono ! Il n’y a pas que les malnutris, les souffrants de faims et les déplacés dans cette région du Katanga plongée dans un cycle de violence depuis 2011 consécutivement à la fuite de Gédéon Kyungu Mutanga de la prison de Kasapa.
Un peuple en errance
Les May-May, les Bakata Katanga, les FAP (force d’autodéfense populaires) et les conflits communautaires (pygmées et baluba, selon une précision apportée par OCHA !) poussent des milliers de compatriotes à fuir leurs villages. Parmi eux, les élèves et les enseignants. De cette manière, les écoles ne peuvent fonctionner. Un humanitaire rapporte qu’il s’agit d’un presque perpétuel déplacement, « presque tous les six mois ». Comme si cela ne suffisait pas, 140 écoles ont été brûlées, détruites. Et depuis janvier 2014, 43.000 nouveaux déplacés ont été enregistrés au 30 juin dernier. Ce qui porte à 543.000 déplacés dans la zone.
Education d’urgence
Source: OCHA
C’est presque toute une jeunesse et partant, tout un peuple qui voit son avenir se détruire de jour en jour. Car en effet, un seul enfant qui n’étudie pas, c’est un danger. Malheureusement cela n’est pas appréhendé de la même manière par tous. Tous ! Je vois ici les décideurs. Mis à part les humanitaires, qui d’ailleurs y arrivent avec bien de peines, les victimes de l’activisme des groupes armés dans la région ne bénéficient d’aucune aide humanitaire auprès de l’Etat.
Ce sont d’ailleurs ces humanitaires qui abordent un nouveau concept : l’éducation d’urgence. Une approche basée sur une remise à niveau des enfants qui ont mis longtemps sans aller à l’école ou qui ont subi une scolarité désordonnée,  dans un contexte de violence. Il s’agit bien de trouver un enseignement adapté de sorte que  ces élèves ne restent pas définitivement en retard par rapport au programme scolaire. Le principal défi reste de trouver les fonds nécessaires pour cette politique ambitieuse. Déjà, les bailleurs de fonds ne se meuvent pas trop sur la crise au Katanga qu’ils trouvent assez riche.
Les humanitaires s’emploient alors à créer des cantine scolaires pour essayer de maintenir à) l’école, les enfants malnutris : ils peuvent ainsi continuer leurs études tout en récupérant la santé. Pour cela, il faut bien que l’Etat s’y implique et intervienne avec force. C’est sa responsabilité.

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