L'entrée de Glencore à Baar, dans le canton de Zoug, en Suisse. © Ian Hamel |
Savez-vous comment KCC, cette entreprise minière installée à Kolwezi ment pour ne rien payer à l'Etat congolais? Elle exploite et vend tout normalement (cuivre, cobalt, etc.). Notez que le marché de cuivre est en hausse dans le monde en ce moment. Mais cette entreprise dresse des rapports déficitaires, faisant voir qu'elle travaille à parte. Rien de tout cela, révèle un article paru sur le site du journal Le Point. En sous-évaluant, ou en dressant des rapports déficitaires, cette entreprise ne paierait pas de taxes ni redevances à l’État congolais au motif qu'elle a beaucoup de dette. des pertes sur papier. Je vous laisse lire cet article.
Comment piller le cuivre de la République démocratique du Congo sans bourse délier
KCC,
filiale du géant suisse Glencore, réussit à ne pas payer d'impôts. Pourquoi ?
Depuis 2008, elle affiche systématiquement des pertes.
Le cours du cuivre flambe et la production
de la société minière Kamoto Copper Company (KCC), au Katanga, en République
démocratique du Congo, affiche
une forte croissance. Malgré cela, l'entreprise annonce systématiquement des
résultats déficitaires. Ses fonds propres seraient même négatifs à presque deux
milliards de dollars ! Comment expliquer ce mystère ? KCC appartient à 75 % à
cinq sociétés établies dans des paradis fiscaux (îles Vierges britanniques et
Guernesey), propriétés elles-mêmes du groupe Katanga Mining Limited (KML). Et
KML est détenu par le suisse Glencore, géant du négoce et de l'extraction
minière.
En fait, KCC accumule les pertes par un
simple jeu d'écritures. Elle affirme payer d'"importants paiements
d'intérêts à cinq sociétés mères [...] et auprès desquelles KCC s'endette de
plus en plus", écrivent dans un rapport accablant deux ONG suisses, Pain
pour le prochain et Action de carême, et une ONG britannique, Rights and
Accountability in Development (RAID). Ces ONG estiment qu'en cinq ans, ces
pratiques ont fait perdre 153,7 millions de dollars à l'État congolais. Le
pire, c'est que cette pratique scandaleuse n'est pas illégale en soi... Le
rapport de 121 pages des trois organisations repose sur un travail d'enquête
d'un an et demi.
Comment la République démocratique du
Congo pourrait-elle lutter contre Glencore ? Celle-ci a réalisé l'année
dernière un chiffre d'affaires de 240 milliards de dollars, soit plus de trente
fois le budget de l'État de la RDC ? Glencore, fondée par le sulfureux Marc
Rich, est installée à Baar, une petite bourgade du canton de Zoug, en Suisse. Première entreprise de la
Confédération, devant Nestlé,
elle a fusionné en mai 2013 avec Xstrata, et contrôle aujourd'hui 60 % du zinc,
50 % du cuivre et 30 % de l'aluminium dans le monde. En clair, la
multinationale estime pouvoir tout se permettre.
Première
entreprise suisse devant Nestlé, Glencore fait du tort écologique à la RD Congo
En 2012 déjà, Pain pour le prochain et
Action de carême avaient révélé que les effluents de l'usine hydrométallurgique
de Kamoto Copper Compagny étaient rejetés sans aucun traitement dans la rivière
Luilu. Glencore reconnaissait les faits et affirmait alors "avoir
complètement résolu le problème". Le nouveau rapport souligne que des
rejets de l'usine "continuent d'être déversés dans la rivière Luilu, simplement
plus en amont". Les concentrations de cuivre dans l'eau sont six fois plus
élevées que les seuils fixés par le code minier congolais.
Pour le cobalt, les résultats sont
supérieurs jusqu'à cinquante-trois fois aux seuils de l'OMS. Résultat :
"Les poissons ont disparu de la rivière Luilu et les berges ressemblent à
de la terre brûlée. Les personnes qui habitent en aval de la mine ne peuvent
utiliser l'eau de la rivière, ni pour leurs besoins quotidiens ni pour irriguer
leurs champs." Réponse de Glencore : "Nous procédons à un suivi
régulier de la situation et nous n'avons pas constaté de pollution !"
En
effet, contrairement à ses habitudes, le géant minier, entré en Bourse en 2011,
a accepté de négocier avec les ONG.
Celles-ci ont pu visiter en octobre 2013
les mines de Glencore en RD Congo et rencontrer des représentants des deux
filiales, Kamoto Copper Compagny et Mutanda Mining. En mai 2014, les ONG ont
remis à Glencore leurs conclusions, et la multinationale a pris position par
écrit sur celles-ci. Très optimistes, les deux ONG suisses, qui sont liées aux
Églises protestante et catholique, écrivent : "Nos conclusions diffèrent
souvent de celles de Glencore, mais nous espérons que nos recommandations
aideront la firme à traduire ses politiques en changements concrets sur le
terrain. "On peut toujours rêver.
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