J. KITUNGWA, Ministre de l'Intérieur, Katanga. Photo M3 Didier, 2014 |
Traqués
autours de Lubumbashi, les may-may retranchés dans le Haut Katanga et dans le
Tanganyika s’adonnent à des extorsions, pillages et criminalités. Il se trouve
que pendant ce temps, la criminalité refait surface dans les grandes villes de
la province avec des cas de vol et de meurtre. Le gouvernement provincial s’en
trouve préoccupé. Lundi dernier, il a réuni le conseil provincial de sécurité.
Mis en déroute autours de Lubumbashi,
les may-may sont à la base de l’insécurité qui a jeté plusieurs milliers de
personnes dans l’errance. Les plus touchés sont les territoires de Manono,
Mitwabo, Pweto et depuis un temps, Moba et Malemba ; territoires des districts
du Haut-Katanga et Tanganyika.
Un
drame humanitaire
Au premier trimestre de 2014, le cap de
500.000 déplacés internes au Katanga a été franchi, sans compter le fait que
ces déplacés souffrent de faims et de bien des maladies comme le choléra et la rougeole.
Il y a aussi une nature peu clémente qui vient de détruire bien de récoltes
dans le territoire de Mitwaba.
Le conseil provincial de sécurité qui
s’est réuni ce lundi s’est prononcé en faveur d’une traque des miliciens qui circulent
encore. « Il s’avère que des groupes
résiduels organisés en bandes armés s’adonnent à l’extorsion, au pillage de la
population et à la criminalité sans raison apparente, a dit le ministre
provincial de l’intérieur Juvcénal Kitunguwa, dans un compte rendu-final du
conseil. « À ce sujet, a-t-il
poursuivi, le conseil de sécurité a
décidé de poursuivre, sans relâche, ces inciviques jusqu’à éradiquer
complètement ce fléau. »
Des conflits entre pygmées et bantoues
au Katanga
C’est la première fois qu’il y a une
déclaration publique sur ce sujet : les autorités appellent les
communautés bantoues et pygmées qui s’affrontent depuis quelques mois à la
retenue dans les territoires de Mitwaba, Moba, Nyunzu et Malemba Nkulu. « Le conseil met en garde tous ceux qui
tirent profit de cette situation et alimentent la haine entre les communautés
vivant au Katanga. » Il y a quelques en mars dernier, OCHA (Bureau de
coordination des affaires humanitaires) a alerté sur la nouvelle dimension du
conflit dans le triangle de la mort et dans les environs. Les bantous accusent
les pygmées de dénoncer la présence des may-may parmi eux auprès des FARDC. En
retour, les pygmées les accusent d’épouser les pygmées et non le contraire. En
plus, face aux représailles des may-may ainsi érigés en ennemis des pygmées,
ils se sont organisés en groupes d’auto-défense. Cela est à l’origine des morts
de part et d’autres.
Il y a aussi une situation de
criminalité grandissante à Kolwezi, Likasi et Lubumbashi, principales villes de
la province. Il s’agit essentiellement des vols nocturnes et des viols des
femmes. Il y a plus d’une semaine, une femme a été retrouvée morte un matin
après avoir été vraisemblablement violées par ses bourreaux. L’affaire a choqué
plusieurs aussi bien à Kipushi qu’à Lubumbashi. Le conseil, à ce sujet, semble
peu rassurante sur les moyens de lutte à déployer. Il annonce « des patrouilles ainsi que des
bouclages mixtes dans toutes les régions criminogènes en vue de sécuriser
davantage la population. » Cela pourrait sans doute aider à mettre la
main sur des détenteurs illégaux d’armes à feu. Mais on n’explique pas comment
lutter contre ce phénomène récurrent à Lubumbashi. Les vols et meurtres, c’est
plusieurs fois chaque année. Des arrestations, puis des libérations des mêmes
personnes aussi.
Certains criminels sont des habitués des
prisons. Ils y entrent et en sortent aisément. Et à propos des viols, on voit
mal comment des patrouilles et des bouclages viendront à stopper le
fléau ; encore que ces opérations de l’armée et de la police ne sont
jamais pérennes.
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