RDC : LES CASQUES BLEUS EN TOURISME DANS « LE TRIANGLE DE LA MORT »

Carte du Triangle de la mort. Source: OCHA.
Ils étaient partis en pompe et ont suscité beaucoup d’espoir parmi les victimes et les fatigués de l’activisme des May-May et Bakata Katanga dans le tristement célèbre Triangle de la mort. C'était le 6 mars, il y a juste 3 mois. C’est au Katanga. Les casques bleus et la Monusco qui les gère ont déçu les attentes. En tout cas, c’est ce qu’a laissé entendre l’administrateur du territoire de Pweto à la sortie de l’audience que gouvernorat du Katanga. Hormis le contingent béninois de la Monusco, les autres, « ils viennent, c’est pratiquement en tourisme », a-t-il déclaré aux journalistes.
Célestin NGOMBE MWAMBA, administrateur du territoire de Pweto appelle la Monusco, la mission des Nations-Unies en RDC, à déployer des casques bleus en soutien aux FARDC. Depuis le retrait des casques bleus, plus d’un mois seulement après leur déploiement en pompe dans le triangle de la mort (Pweto, Manon et Mitwaba), il y a peu, les May-May sortent de la brousse et inquiètent davantage. « Je peux vous confirmer que l’activisme des May-May a repris avec force, a dit l’administrateur de Pweto. Il y a risque qu’il y ait sabotage de la station de captage d’eau. Puisqu’ils avancent vers Pweto. »
Des effets d’annonce, des bruits pour rien
Un village à Pweto. Source: radiookapi.net
Triangle de la mort ! Cette expression est née, notamment des milieux onusiens et internationaux, pour désigner un conflit oublié. Celui du Nord Katanga où, au départ, trois territoires souffraient de l’activisme des May-May et Bata Katanga, respectivement des groupes d’auto-défense et séparatiste (le dernier cherche l’indépendance du Katanga). Depuis, le conflit s’est étendu à bien d’autres territoires si bien qu’un journaliste trouvait que la terminologie triangle de la mort n’avait plus de sens. Moba, Malemba Nkulu et d’autres encore sont atteints désormais. Et el bilan est sans appel : plus de 500.000 déplacés, fuyant les combats entre l’armée et ces milices, et les exactions de ces dernières. Et ce n’est pas fini. Les conflits communautaires explosent, les écoles sont incendiées, des villages entiers.
Devant toute cette situation, l’arrivée des casques bleus a signifié « salut » pour plusieurs. Même parmi les officiels. On a cru que les may-may seraient traité comme le M23, du moins à en croire les déclarations de Martin Köbler de la Monusco qui l’insinuait ou l’a dit clairement d’ailleurs. Malheureusement, cela n’a été qu’un effet d’annonce, une farce qui coûte désormais cher. Les May-May qui avaient fui, sont de retour et deviennent encore virilents. Les casques bleus, eux, se sont retirés sans explication. Et, le silence règne.
Les FARDC sont là, ils abattent un grand travail, a poursuivi Célestin NGOMBE. Mais selon toute vraisemblance, seuls les casques bleus seraient davantage craints par les miliciens. L’annonce de l’arrivée des casques bleus, pour mettre un terme à cet activisme, a-t-on cru dans la région, a inquiété les miliciens qui se sont enfuis dans la brousse. Le retrait de la Monusco leur permet ainsi de revenir avec force. Mais ils restent toujours embusqués dans la brousse et chaque fois qu’ils apparaissent, ce sont des exactions.
Du tourisme dans le triangle de la mort et un travail bâclé pour la Monusco
Des casques bleus égyptiens. Photo radiookapi.net
Célestin NGOMBE est déçu de ce retrait. Il fait remarquer que seul le contingent béninois a travaillé lors du déploiement des casques bleus dans la région. « Ceux là, dit-il, nous avons travaillé avec eux à Mitwaba, … ou ailleurs ». Mais les autres (d’autres contingents), « ils viennent c’est pratiquement en tourisme. En effet, les May-May, vous ne les trouverez pas sur la route. Le May-May il est dans la brousse, dans le fin-fond, où il faut aller à pied. Maintenant, vous envoyez des éléments qui sont dans des jeeps, qui ne peuvent pas descendre de leurs Jeeps. Non, ça c’est un travail vraiment bâclé », conclut-il.
Un conflit communautaire
Le conflit dans cette région a pris des proportions inquiétantes depuis quelques semaines.  Les pygmées et les bantous s’affrontent. Le conflit compte des dizaines des victimes et date de 2013. Les pygmées sont accusés de dénoncer la présence des May-May parmi les bantous, et à leur tour, ils accusent les bantous de ne pas les laisser épouser chez eux alors que ces derniers trouvent des conjointes chez eux.

Il y a surtout les May-May qui sont dans tout cela. Ils brûlent des villages, même parmi les bantous qui ne leur sont pas favorables ou qu’ils accusent d’être de mèche avec l’autorité de l’Etat. Des milliers d’enfants ne vont pas à l’école. Les May-May auraient incendié, selon un rapport dont fait mention le bulletin hebdomadaire du 11 juin dernier (OCHA), 60 écoles. Parmi celles-ci, 49 l’ont été entre juillet 2013 et mai 2014.

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