Quel est le meilleur
système politique pour la République démocratique du Congo : le
régionalisme, le fédéralisme ou la décentralisation ? La question était au
cœur d’une conférence-débat ce mardi 1er avril 2014 à la Faculté des
Sciences sociales, politiques et administratives de l’Université de Lubumbashi.
La situation politique dans le pays inspire bien ce débat. Alors qu’il
s’approche de la fin de son mandat, le dernier à la tête de l’Etat, Joseph
KABILA lance un débat sur une éventuelle participation aux scrutins
présidentiels. Aussi, en province, et c’est le cas du Katanga, certains se
mobilisent en faveur d’un nouveau régime politique : le fédéralisme.
S’il
n’y a pas eu de débat public en 1960 sur la forme de l’Etat ou le système
politique nécessaire, la question a préoccupé plusieurs leaders politiques de
l’époque. Ainsi, pour Moïse CHOMBE, le fédéralisme était nécessaire pour le progrès
du pays et de sa province (le Katanga). Il finira, lorsque cela ne se sera pas
réalisé, par déclarer la sécession du Katanga. Même chose pour Albert KALONJI
au Kasaï. Si au Bas-Congo, aucune tentative ne se réalisera dans ce sens, c’est
probablement parce que le leader de cette province assumait la magistrature suprême.
Mais il est établi que Joseph KASAVUBU et son ABAKO (Association des Bakongo),
voulait une indépendance de sa province, ou mieux, son autonomie. Les exemples
sont nombreux.
A
ce jour, au Katanga, KYUNGU Wa KUMWANZA représente la pensée politique de ceux
qui croient au fédéralisme comme meilleur système politique, capable de
résoudre les problèmes de la province et du pays, notamment la pauvreté et le sous-développement,
son corolaire. Les Bakata Katanga vont plus loin que l’UNAFEC de KYUNGU Wa
KUMWANZA : ils demandent l’indépendance de la RDC « que l’on coupe le Katanga de la RDC ». Au Bas-Congo,
les BDK, Bundu dia Kongo, demande l’indépendance de leur province.
Dans
sa conférence de ce mardi, le professeur MWAYILA TSHIYEMBE, docteur en Relations
Internationales et auteur de plusieurs ouvrages, a noté que le constituant de
2006 (constitution de cette année) a choisi la décentralisation pour répondre à
la fois aux soucis multiples exprimés au cours de l’histoire de la RDC. Un Etat
unitaire décentralisé, comme défini dans la constitution, revient à constater
une création d’un triple bloc, dans un système politique mixte : national,
provincial et local. A ces trois blocs correspondent trois leaderships, en
remplaçant le leadership des dirigeants par un leadership institutionnel. C’est
dire, en clair, que l’Etat reste UN, UNI et libère cependant des
responsabilités au gouvernement central, symbole d’unité pour ceux qui soutiennent
un Etat unitaire. Décentralisé, où l’on consacre une libre administration des
provinces et entités décentralisées. MWAYILA TSHIYEMBE constate que cela est
une reconnaissance du pouvoir du peuple. Un peuple, avec ses dirigeants
nationaux, provinciaux et locaux, appelés à se gérer seuls.
Seulement,
note le professeur, ils sont peu nombreux les congolais qui ont compris l’ampleur
du pouvoir accordé par la constitution de 2006 : « se gérer seul » tout en dépendant les-uns des autres. A
la place, et cela depuis l’indépendance du pays, les politiques ont cherché et
cherchent à dominer alors que l’Etat comme capacité d’agir ou de faire est
inexistant. Une inexistence de l’Etat due en grande partie, selon lui, par le
non-respect des textes et lois du pays. « Un pouvoir qui a pour objectif
la domination, a-t-il lancé, se pose la question "combien de temps rester
au pouvoir" ? » à la place de comment gérer ? C’est bien la
situation actuelle du pays, surtout après la réunion de Kingakati, de la
Majorité Présidentielle qui, selon MWAYILA TSHIYEMBE répondant à une question
d’un participant, a comparé la situation générale politique actuelle sur la
question, de « Mobutiste ».
« Les Mobutistes sont dans et autour
du pouvoir » à Kinshasa. Leur objectif : « détruire ce que jusqu’ici, le pays et Joseph KABILA ont bâti »,
a-t-il poursuivi.
Pour
le professeur MWAYILA TSHIYEMBE qui admet qu’en eux, aucun des systèmes
politiques n’est meilleur, tout devant s’adapter à des particularités propres à
chaque Etat et peuple, la décentralisation convient le mieux à la situation
politique et sociale de la RDC.
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