Berlin, 1885: partage de l'Afrique. Photo |
Espace
d’échanges libres, voilà le statut du Congo, aujourd’hui République
démocratique du Congo à Berlin, en 1885 lorsque 14 puissances occidentales se
partageaient l’Afrique. Si aucune des grandes puissances n’a pu prendre
possession du Congo cette année-là, les appétits vont plutôt aller croissant.
La France est juste en face, à l’Ouest et au Nord. Le Portugal au sud-ouest, veut
bien avoir main basse sur ce territoire qu’explorait avant tout l’Occident,
Diego Cao. Les anglais, au sud-est (Zambie, Tanzanie) et au Nord-est (Soudan,
Ouganda) se rappellent que Stanley et compagnons sont ses fils. On n’oublie pas
les Allemands à l’Est (Ruanda et Urundi, aujourd’hui Rwanda et Burundi avant
d’être attribués aux belges).
Nous
ne sommes allés nulle part
Le Congo tourne ainsi, depuis lors. On
ne sait pas aller loin. Le Congo va malgré tout résister à toutes ces
pressions. Il est quand même géré par « une
petite puissance », avec la promesse d’éviter ainsi que les géants ne
s’affrontent, selon le discours de Léopold II. Malheureusement, ils s’y
affronteront ! Et Lumumba et LD Kabila en seront les premières victimes.
Après eux, tous les congolais aujourd’hui qui croupissent dans la misère tandis
que, nuit et jour, depuis 1885, les richesses naturelles sont mondialement
exploitées. La Léopold II, pour réaliser son aventure mêlée à une folie de
grandeur, va duper allemands et français qui se croiront chacun, avoir obtenu
un droit de préférence sur le Congo (le prendre en cas d’échec). Ils ne
jureront d’ailleurs que par cet échec d’une gestion par la Belgique.
Autre pression : celle des États-Unis venus largement en retard après la dissection de l’éléphantesque
Afrique. Mais ils voudront malgré tout se montrer Géants. La politique de
l’époque se résume en « puissance ».
Avec le plan Marshall, plus tard après 1945 pour reconstruire l’Europe, les États-Unis confortent leurs hégémonie sur l’Europe et plus rien ne leur
résiste. Les scandales couverts par les forêts et le sous-sol congolais sont
connus. Ils ont les yeux rivés là-dessus. Comment résister ? Léopold II
lâche le Congo, il sent qu’il va le perdre. Il le lègue à la Belgique. Il faut
dire qu’il a assez chaux. Puisqu’il est fait état d’une colonisation assez
cruelle et inhumaine au Congo et les puissants ne peuvent plus supporter qu’un individu
possède un si grand empire de 2.344.000 km3. On n’oublie pas les russes qui
rêvent d’acquérir des territoires en Afrique. C’est en effet commode, en tant
que « puissance ». Lumumba sera tué pour avoir osé se rapprocher des
russes ; Kabila aussi, 40 ans après.
Comme Léopold II, la Belgique laisse
ouvert à tous le Congo (sauf aux russes qui ne sont pas intéressés au départ,
puis, parce qu’on est guerre froide). Chacun peut y faire ce qu’il veut. Chacun
c’est France, Angleterre et Etats-Unis, les autres ayant diminué après la
seconde guerre mondiale. C’est du commerce qui s’y opère, un commerce dans un
libertinage qui vient jusqu’ici, aujourd’hui : 54 ans après. Certains se
laisser aller par le découragement et sacralisent ainsi cet état de désordre
qui n’attend que les congolais pour être résolu !
Comme
la Belgique, faire des puissances des amies, c’est possible
La RDC et ses voisins. Photo www1.rfi.fr |
Il y a quelques semaines, le professeur
MWAILA TSHIYEMBE, alors qu’il donnait une conférence en Relations
Internationales sur les systèmes politiques applicables à la RDC, il répondait
à étudiant sur l’indépendance du pays en ces termes : « Le monde est en RDC, et la RDC est dans le monde. Tous les
efforts doivent désormais s’adapter à cette politique ». S’adapter,
dans son contexte, c’est être capable de changer la situation aujourd’hui
défavorable, bien qu’ayant duré, en un atout de succès.
Puisque le monde est au Congo, il
appartient aux Congolais d’agir dans
ce monde et avec les protagonistes. L’exemple de la Belgique ci-haut porté en
dit plus. Quelque prédateur qu’ils soient, les puissants sont gérables et même
faibles. Et, les faibles peuvent être puissants ! La Belgique l’a prouvé. Une
sagesse Lunda le dit si bien : « Anch
ukimbin pikil ntambu akuda, sej nend piswimp » (Pour éviter que le lion ne vous tombe dessus, approchez-vous de lui).
De cette sorte, vous pourriez chaque fois le rappeler à l’amitié, lorsqu’il
s’apprête à sortir des griffes.
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