LA REPRESSION DES CHRETIENS DE KINSHASA DU 12 FEVRIER : 22 ANS APRES LA CNS

Un rassemblement des Chrétiens à Kinshasa
Près d’un million de kinois, des chrétiens catholiques majoritairement, descendent dans la rue bibles, chapelet et rameaux en mains, pour exiger la réouverture de la CNS : la conférence nationale souveraine, le 16 février 1992.
Deux ans plutôt, en 1990, alors que s’imposait à lui le vent de la perestroïka (changement) et glasnost (transparence), Mobutu  lâche du leste : il ouvre le Zaïre à la démocratie. Au dessus de la mêlée,  il entend ouvrir la 3e République.  Il veut  tout de suite une nouvelle constitution et des élections, avec espoir de se maintenir au pouvoir.  Il faut dire  que l’homme, quoique de moins en mois fort comme avant, garde encore  le  contrôle du Zaïre.
Des manœuvres politiciennes
Tshisekedi accueilli par ses partisans. Photo réveil Afrique
Mais il n’aura pas une tâche facile avec une opposition qui exige son départ et qui après bataille, obtient l’ouverture de la Conférence nationale  souveraine (CNS). Etienne Tshisekedi  et Jean NGUZ-A-Karl i Bond tiennent l’Union sacrée. La Conférence nationale est convoquée  mais Mobutu s’en méfie éperdument. Il veut des élections ! Après le Pasteur KALONJI, la Conférence nationale est dirigée par un prélat : Monseigneur Laurent MOSENGO PASINYA. L’espoir est grand parmi les zaïrois. Malgré le dynamisme et la personnalité fort respectée de l’évêque, la CNS infiltrée, piégée, se mue en arène politique.
CNS: NGUZ, Premier ministre 
Battue, la Mouvance présidentielle (MP) craque lorsqu’elle échoue une manœuvre visant à affaiblir l’UDPS fortement représentée par les Baluba du Kasaï. La MP va sur un terrain glissant qui peut finir par une dislocation de plusieurs  foyers  intertribaux : une représentation à la CNS sur base des origines ou de la géopolitique. L’échec est cuisant, frustration inestimable pour une MP habituée  à tout rafler. Le 19 janvier 1992, la CNS est suspendue. C’est le premier ministre Jean NGUZ qui la signe, mais c’est une manouvre du président qui a réussi à l’opposer à un allié d’il y a peu et par qui il l’a remplacé d’ailleurs.
Un échec bien programmé
Après une courte préparation par les laïcs et des jeunes  prêtres, des milliers des  chrétiens, catholiques principales, et bien d’autres ensuite, descendent dans la rue exigeant la réouverture de la CNS. 17  morts au minimum sont  enregistrées dans la répression des forces de l’ordre qui ont ouvert le feu sur des marcheurs pacifiques.
Mgr MOSENGO, Pdt CNS
Pressions internes et externes se succèdent. Le Zaïre est en ébullition.  Réapparaît le spectre des pillages ! La pauvreté  est  au comble, mais les  inconditionnels du régime ne peuvent lâcher Mobutu. Ils  trouvent toujours de nouvelles manœuvres pour rester au pouvoir et continuer à s’enrichir. Le 6 avril, Mobutu qui a feint une neutralité dans la bataille entre CNS et son premier ministre, mais qui en réalité tire les ficelles du jeu,  refait  surface et procède à la réouverture de la CNS. Il se pose ainsi en rassembleur et peut manipuler.  La CNS n’aura malheureusement pas longue vie et ses résolutions resteront inopérantes.
On n’est pas allé loi

Mobutu, pdt du Zaïre
D’après les historiens Gauthier de Villers et  Jean Omasombo (dans Le Zaïre : la transition manquée), le fanatisme,  je jeu de cache-cache, le mensonge, les intérêts  individuels, les honneurs, la quête effrénée du pouvoir et la radicalité des acteurs politiques, sont à la base de  cet échec que sont restes la transition et  les résolutions de la CNS. 22 ans après, alors qu’un forum pareil a la CNS s’est tenu a Kinshasa, les concertations nationales, on a le sentiment que l’on n’est pas allé loin. Déjà 4 mois sans gouvernement ! ca craint !

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