LES VEHICULES D’OCCASION HORS LA LOI

Faute de fabriques d’automobiles ou d’usines de montage sur place, la République démocratique du Congo était devenue presqu’un dépotoir de véhicules d’occasion, et surtout en fin de course, véhicules notamment importés d’Europe et même de certains pays africains. Lundi 26 août dernier, au sortir de la réunion hebdomadaire de la troïka, le gouvernement a confirmé son  interdiction d’importation en RDC, des véhicules d’occasion vieux de 10 ans à l’étranger.

Au vu de l’état de ces véhicules, souvent à la limite de la casse, et de nombreux accidents dans lesquels ils sont impliqués, il fallait bien que le gouvernement réagisse un jour. Jean-Claude KAZADI, coordonnateur provincial de la Commission nationale de la prévention routière (CNPR) estime que le gouvernement, par sa décision finale d’interdire l’importation en RDC des véhicules d’occasion vise à protéger la population. Il accuse ces véhicules d’être à la base de nombre d’accidents enregistrés à Lubumbashi, et même de polluer l’environnement.
Evidemment, les revendeurs de ces véhicules et autres commissionnaires n’ont guère apprécié la décision du gouvernement. Loin s’en faut. Toutefois, estiment-ils, cette décision ne résout pas du tout le problème de fond posé par le commerce de véhicules d’occasion au regard, notamment, du prix d’un véhicule neuf et du pouvoir d’achat de la majorité de ceux qui peuvent s’en offrir. « Quel est le congolais (sans salaire sérieux) qui pourrait acheter un véhicule à quinze ou vingt milles dollars américains ? », s’interroge Thierry MUKELEKE, revendeur de ces véhicules à Lubumbashi. Pour lui, l’Etat ne maîtrise pas les réels problèmes des congolais ; et, les véhicules d’occasion ne sont pas plus polluants que les locomotives récemment payées pour la SNCC (Société nationale des chemins de fer du Congo).
La décision du gouvernement ne semble pas prendre en compte d’énorme services que rendent ces véhicules  d’occasion, en l’absence par exemple, des services de transport public dans les grandes agglomérations. Ces véhicules sont les seuls  jusqu’ici à assurer les échanges en termes de circulation de biens et de personnes entre les centres de production et de commercialisation. Depuis l’avènement de Laurent-Désiré Kabila (1997), en effet, les véhicules ont cessé d’être l’apanage d’une certaine classe sociale. Jusqu’à 2000 USD,  on peut  s’en procurer. Mais devant l’absence de contrôle sérieux et même d’entretien (véhicules et routes), les  accidents se multiplient parfois.
Suffit-il que soient renforcés désormais le contrôle technique obligatoire de ces véhicules à l’importation et imposer l’entretien permanent avant une mise en  circulation, pour que les causes évoquées  par le gouvernement et  afin que soit assaini le marché ? Le débat est ouvert, d’autant plus que l’entretien de ces véhicules pose souvent le problème de pièces d’origine, excessivement coûteux  Aussi recourt-on aux pièces d’occasion. A ce propos, un mécanicien constate que des véhicules visiblement amortis, portent « sans honte des autorisations de circulation » de contrôle technique, par les services de l’Etat.

Il y a véhicule d’occasion et véhicule d’occasion. Le commerce se pratique même dans les pays dotés des fabriques ou des usines de montage. Il faut surtout renforcer la législation. Aussi suffit-il d’imposer aux propriétaires ou usagers un contrôle personnel de l’état de son véhicule.

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