Il convient, tout d’abord, de trancher la profondeur de cette école, de porter un préalable de taille. Sa lumière nous donnera de saisir le fondement esthétique de cette musique. Ce préalable est la situation du contexte social dans lequel elle prend ses racines.
Elle veut une musique pour elle, des rythmes nouveaux qui la satisfassent. Essoufflée, la rumba des aînés peine à suivre le pas. Elle est pourtant toujours belle, enviable mais aussi dans l’âme de cette jeunesse. Elle avait bien baissé en estime. C’est sur ces entrefaites que les orchestres de jeunes se révèlent de nouveaux talents. Les plus anciens d’entre eux sont notamment Jamel national, Diamants bleu, Los Angeles au Negro succès. Ce dernier donnera le ton ferme à la troisième génération.
Negro succès a pour tête d’affiche Bavon SIORGO. Sa musique rencontre la flamme de la jeunesse ; le professeur MONSENGWO la décrit comme une musique « destinées à un public jeune, très mouvant et dans le vent. Elle est accompagnée par des chansons lyriques entrecoupées par des cris aigus que poussent les chanteurs dans le « sebene ». Mais elle est très soutenue par une orchestration faite de sons instrumentaux qui avoisinent la cacophonie et la trame de fond de la guitare basse, du drum et de la batterie ». Mais c’est l’orchestre Zaïko qui va plus qu’aucun autre incarner la rupture esthétique de la 3e génération. L’orchestre naît en 1969, avec la quinte du Moanda, Henri MONGOMBE, Médecin DELO
et André BITA. L’objectif est d’offrir de la distraction aux vacanciers par la danse et la musique après de rencontres de foot loisir. Le groupe s’accroît avec l’intégration de Jules Presley Shungu, Jossart Nyoka, Teddy Sukami, Manuaku Felix pour ne citer que ceux-là. Sur les traces du Negros Succès, Zaïko va forger sa musique, son style nourri des influences de la pop music. C’est lui qui a inventé et rendu célèbre les meilleures danses qui ont marqué les 3 dernières décennies de la musique congolaise moderne. Sa musique est pensée pour bouger les foules. Le travail de Manuaku son guitariste consistant en un pincement rapide des cordes fait école et succès. Comme l’école Zaïko révèle les atalaku, ces chanteurs qui jaillissent sur la chaleur du Sebene et qui distillent une animation torride et volubile que l’on s’égare à chercher un zeste de cohérence sémantique.
La musique de Zaïko puise sa thématique dans cette jeunesse qui la porte. Son thème principal demeure l’amour : un amour vu sous les angles de l’admiration physique, de la contrariété ou de l’exemplarité. À la demi-chaleur de la rumba des aînés, Zaïko va apporter un rythme trépidant, détonnant, plein de fureur de vivre. C’est l’école Zaïko, un style accompagné d’une mode vestimentaire et à travers laquelle s’offre à voir l’essentiel de l’esthétique musicale de la troisième génération.
On ne peut clore cet aperçu sur la troisième génération sans faire mention d’autres figures qui ont à leur manière enrichi. Il s’agit de Tshamala Kabasele avec son Empire Bakuba, des frères Soki avec Bella-bella et de Koffi Olomidé avec son Quartier Latin. Ce dernier a inventé le Tchatcho un style où la musique rive avec le chic, le charme, l’équilibre, le bon goût, la douceur et une écriture affinée.
Tenu par les contraintes du temps, ne pourrions-nous pas parler comme on l’a fait pour les autres générations de la quatrième génération, l’école rythme de Wenge. Mais, on en retiendra, c’est l’essentiel, que c’est une génération qui fait des années 80. Elle est marquée par Werrason et JB Mpiana. Avec cette génération, la musique est extase et spectacle. C’est la génération Ndombolo et celle de la rumba saccadée. Ici, la mode est très libre. Finis les costumes qui ont pu résister jusque quelque part au cours de la deuxième et même de la troisième génération ; on danse pieds nus, à moitié vêtu… Et quant au contenu des musiques, il est rarement fait attention au contenu, au fond de la musique. Cela importe peu. C’est le mouvement pour le mouvement.
Fils NGELEKA
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