Depuis novembre,
après les appels des évêques catholiques en faveur du respect de la démocratie,
les débats sont volontairement orientés vers un faux débat : le droit ou
non des religieux de faire la politique. Une distraction, puisque la question
ne se pose pas, en démocratie et là-dessus, la Constitution de la République
démocratique du Congo est claire.
L’Etat congolais est laïc, c’est-à-dire, sans
religion. Mais il reconnaît la liberté de religion (article 13) qui ne doit « en aucun cas », constituer
un motif de discrimination pour les citoyens congolais (articles 11), quant à leur
jouissance des droits civiques et politiques.
« Aucun Congolais
ne peut, en matière d’éducation et d’accès aux fonctions publiques ni en aucune
autre matière, faire l’objet d’une mesure discriminatoire, qu’elle résulte de
la loi ou d’un acte de l’exécutif, en raison de sa religion, de son origine
familiale, de sa condition sociale, de sa résidence, de ses opinions ou de ses
convictions politiques, de son appartenance à une race, à une ethnie, à une
tribu, à une minorité culturelle ou linguistique. »
Les droits
politiques pour les évêques et prêtres catholiques
La démarcation entre Eglise et Etat, née des
révolutions européennes, vers la fin du 18e siècle, a apporté une
différence basée sur la vocation des institutions, pas des limitations. On
ne peut renier à un citoyen congolais, au motif qu’il est prêtre ou évêque catholique,
les droits politiques et civiques. Surtout lorsque d’autres religieux
grouillent aisément dans les cabinets ministériels et dans les parlements. Même
s’ils gênent par leur grande gueule, et c’est le nœud du problème, ils ont le
droit d’entrer en politique, de se faire élire, pourvu qu’ils remplissent les
conditions requises. Ce ne sont pas le droit Canon et la Constitution de la RDC
qui les en empêchent. « Tous
les Congolais sont égaux devant la loi et ont droit à une égale protection des
lois » (article 12). S’ils ne le font pas, c’est par une
discipline, mieux une jurisprudence de l’Eglise. Malu
Malu (même si, en principe, il n’a pas fait de politique à la CENI !) et
Mosongwo, désormais une histoire passée, sont les seuls célèbres exemples à
citer, mais ils ne peuvent égaler leurs frères protestants et des églises de
réveil en politique !
Les catholiques connaissent le
Congo qui souffre
A
propos de citoyenneté et de service rendu à la nation, les catholiques sont des
rares congolais qui connaissent les deux Congo jamais réconciliés : la ville que l’on tente de séduire avec des
discours sucrés, et le village qui manque de tout, en termes des besoins
fondamentaux. Tenez ! Finir un brillant doctorat en philosophie, par
exemple, et rejoindre une petite paroisse dans un coin perdu de RDC, à vélo etparfois à pied, sans vraie route, électricité ni eau, où les offrandes
atteignent rarement 20 USD la semaine, … il faut du cœur, une vocation ! Alors
qu’ils pouvaient ouvrir une église dans un coin de rue en ville et se payer des
voitures comme les autres ! Ils le savent malgré leurs injures, de passage
dans leurs villages, plusieurs ministres et députés dorment au couvent y
apprennent leurs contrées !
Ces
religieux sont des rares, avec les protestants nés de la réforme de Luther, qui
connaissent le Congo rural et ses douleurs. Les églises arrivent avec le
développement. Plusieurs de nos villages et villes se sont développés autours
des paroisses. A Kapanga, dans le Lualaba, par exemple, pour la première fois
depuis 55 ans, Musumba[1]est électrifié grâce à un projet financé à 95% par la Commission de l’Union
Européenne, à 5% par le Katanga. C’est bien grâce aux religieux Salvatoriens,
auteurs de plusieurs œuvres dont la construction des ponts.
Vous pouvez lire aussi: Le territoire de Kapanga, un don des missionnaires
Ce qui fait peur
lorsque les catholiques parlent
Certains
discours des évêques catholiques ont peut-être choqué ou ont été poussé fort. Cela
arrive, nul n’est parfait. Mais jamais, dans un discours, quelqu’un a prouvé qu’ils
ont menti. Revoir la République démocratique du Congo replonger dans l’insécurité,
comme tout le monde le redoute désormais, c’est bien ce que la CENCO essaye d’éviter,
favorable ou non au dialogue. Il y a avant tout de l’honnêteté et de la justice
que les politiques devraient enseigner à la société lorsqu’ils se battent ou
jonglent avec les lois. Jeux périlleux !
Ce qui gêne désormais, c’est de voir ces citoyens
qui ont la vraie mesure de la vie sociale du pays interpeller les politiques
sur ce qu’ils devaient faire en toute responsabilité, il y a des années. Et ce
qu’ils devraient faire, c’est préparer les élections bien avant, plutôt que de
chercher désespérément un consensus à tout prix alors qu’il ne reste plus assez
de temps pour ces élections. La CENCO garde la capacité de mobilisation des
masses comme aucun regroupement politique ne peut le faire en RDC. Cela aussi
inquiète et crée des soupçons chez certains, qui croient que Mgr Mosengwo est
chef de l’église catholique en RDC à la manière des politique en dehors de qui
rien ! Non, dans l’Eglise, l’église est locale et l’évêque chef chez lui !
Tous répondent du Vatican.
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Comment trouvez-vous ce texte? Laissez ici votre commentaire, svp !