Photo M3 Didier |
« Il y a de
l’espoir » à cette
candidature, selon Patrick Mudekereza, consultant au projet porté par la mairie
de Lubumbashi à l’Unesco. Candidature déposée dans la catégorie « artisanat et arts populaires » (folk
arts). La réponse est attendue en 2015, ou l’an prochain.
Une identité minière
de Lubumbashi
« Lubumbashi
comme ville minière a forgé son identité sur l’exploitation minière », explique le consultant. Deux facteurs influencent
les productions artistiques à Lubumbashi : d’abord, l’exploitation minière
industrielle coloniale, démarrée en 1910. La ville naît quatre ans après, au
tour de l’usine implantée au bord de la rivière Lubumbashi.
Explorateurs occidentaux et trafiquants arabes
arrivent au Katanga. Des africains sont recrutés jusqu’en Zambie pour travailler
dans les carrières. La ville va affirmer son caractère cosmopolite. Un
caractère qui tient à l’exploitation des minerais, selon le professeur Donatien
Dibwe, historien. Déjà au 16e siècle, avant la colonisation. « Tout le monde sait qu’il y a du
cuivre au Katanga. » L’inspiration artistique va connaître des
influences avec ces contacts.
« La
culture ouvrière et la création artistique sont intimement liées », explique Patrick Mudekereza.
Au pays des
mangeurs du cuivre
Lubumbashi, square Forest, en face du bâtiment du 30 juin. Ph M3 Didier |
A l’appel du chef du village, les paysans vont « manger le cuivre »[1]en
saison sèche, après les récoltes. D’où le monument dit « les mangeurs de cuivre » installé dans la ville de
Likasi (à une heure et demie de Lubumbashi) : un homme tenant une
croisette.
Dans la commune Ruashi, à l’est de Lubumbashi, mais
aussi au centre-ville, deux marchés d’arts s’imposent. Ils proposent des objets
divers, faits principalement de cuivre pur ou vert (malachite), fondu ou battu
(tableaux). Des sculpteurs rivalisent d’inspirations à travers leurs
œuvres : colliers, bijoux de femmes, ustensiles de salon, par exemple. Les
touristes sont y sont le plus attendus. En prolongation de cet art, la peinture
se montre aussi très inspirée.
Une ville dansante
Mais certaines monuments de cette culture du cuivre,
la cheminée de la Gécamines en l’occurrence, s’éteignent, faute de protection. Déjà
la montagne de scorie qui accompagne cette cheminée, une des plus hautes du
monde, connaît une nouvelle exploitation.
Les arts scéniques, musique, danse et théâtre, par
exemple, ont eux aussi connu l’influence de l’exploitation du cuivre.
L’orchestre Jecoké, aujourd’hui en veilleuse, a longtemps attiré les habitants
de Lubumbashi. Employés de la Gécamines, ils chantent, le soir dans la ville
noire, la commune Kenya, les dangers qui les guettent dans les carrières
minières. « Ils ne savent pas s’ils
vont retourner chez eux », explique Isaac Sumba, écrivain. La Gécamines a
aussi entretenu des troupes théâtrales. Un acteur s’est fait une légende :
Mufwankolo wa Leza.
Grâce à la diversité ethnique de ses habitants, Lubumbashi,
propose aussi une diversité des productions folkloriques. Parmi elles, les Mbudie de l’ethnie luba et les Atudiang, des lunda impressionnent par
leur vigueur.
Enfin, la danse moderne : la rumba, beaucoup
plus développée à Kinshasa où déjà le professeur Yoka Liye figure parmi les
protagonistes de l’inscription de cette musique au patrimoine culturel, à
l’Unesco.
Si l’Unesco retient la candidature de Lubumbashi, la
ville rejoindra alors le réseau des villes créatives, parmi lesquelles en
Afrique centrale, Brazzaville retenue pour sa musique. D’après le conseiller du
maire, Jean-Pierre Ngwej, Lubumbashi gagnera en visibilité. Mais aussi les
artistes pourront trouver une facilité de déplacement au niveau international,
grâce à l’Unesco.
[1] Le chef
du village appelait sa population à exploiter le cuivre, généralement ramassé
sur des collines appelait : « tuye tulye mikuba », à traduire
par « allons manger le cuivre ».
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