KATANGA-RDC AFFAIRE GEDEON KYUNGU MUTANGA : 9 ANS APRES L'ASSASSINAT D'UN PRETRE, 4 APRES SON EVASION DE KASAPA



Gédéon au cours d'un procès, 2006. En bas, descente d'un camion de la Monusco.
En mai 2006, Gédéon KYUNGU MUTANGA est dans l’œil du cyclone : l’étau se resserre sur lui. Il signe sa reddition auprès de la MONUSCO, la mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC. La cour militaire de Lubumbashi le condamne à mort, peine commuée en prison à vie (la peine de mort, en effet, n’est plus exécutée en RDC même si elle reste prononcée par la justice). Destination : la prison de haute sécurité de Kasapa, à l’extrême Ouest-Est de la Lubumbashi, non loin de l’aéroport de Luano et du Campus de l’Université de Lubumbashi. Il y a 4 ans, il en sortait de manière spectaculaire, en pleine journée. Pas d’explications jusqu’ici quant à ce.
Abbé François MWILAMBWE, assassiné par Gédéon. Image capturée.
KYUNGU MUTANGA est connu pour être dur et sans pitié. En 2005, un prêtre, Abbé François MWILAMBWE DIKULU, tente une médiation. Au fait, il le connaissait avant et aurait eu des relations plus rapprochées. Certaines sources estiment que Gédéon KYUNGU aurait épousé une de ses sœurs ou cousines. L’Etat avait soutenu et financé la mission du prêtre qu’accompagnait un ami à lui, un laïc : Monsieur Simon KAHIMBI. Jeff MBIYA, un journaliste qui a enquêté sur cette affaire, a eu accès à des lettres officielles dûment signées par l’autorité : le vice-gouverneur du Katanga CHIKEZ DIEMU, en 2005. L’Etat lui aurait, en plus d’une somme d’argent (10 à 15 mille USD), remis deux motos pour les déplacements.
La tombe de l'Abbé Fr. MWILAMBWE. En bas, ses ossements. Image capturée.
Aujourd’hui, les familles des victimes regrettent de se retrouver abandonnées et par l’Eglise qui se réserve étant donné que le prêtre ne s’était référé aux prescrits du droit canon et à sa hiérarchie pour son initiative, et par l’Etat qui se tait devant l’irréparable survenu à l’issue de cette mission que plusieurs semblaient redouter. Malheureusement, l’Abbé François MWILAMBWE DIKULU et son compagnon Simon KAHIMBI ne nous reviendront jamais. Puisqu’ils seront assassinés, et même mangé (c’est attesté par certaines sources et des témoignages recueillis sur place à MUTENDELE, près de MUTABI, dans le secteur de KATELEMUKA), par Gédéon et ses hommes. Une cruauté et une radicalité inouïes pour ce chef de guerre. En témoignent, quelques ossements retrouvés sur le lieu du crime, ossements qui reposent depuis au cimetière Sapin de Lubumbashi. (Regardez cette vidéo!)
Un village dans le triangle de la Mort, Manono. Image capturée.
4 ans après l’évasion spectaculaire de la prison de Kasapa, commençait cette hécatombe qui endeuille des familles nombreuses dans le triste triangle de la mort : Mitwaba, Pweto et Manono, territoires situés au nord-Est du Katanga où foisonnent des milices Bakata Katanga et May-May, cette dernière étant donnée sous le contrôle de Gédéon Kyungu. Dans son bulletin hebdomadaire du 20 mars dernier, OCHA fait état d’une croissance des conflits communautaires entre les Pygmées et les bantu qui s’affrontent et constituent des groupes d’auto-défense. Les premiers reprochent aux may-may et Bakata Katanga, les bantu, d’avoir assassiné puis brûlé 18 femmes enceintes et un enfant pygmées. Information confirmée par des humanitaires dans la région. Les pygmées sont accusés de fournir des informations à l’armée.
Une lettre accompagnant l'Abbé François. Image capturée.

Lire à ce propos : TRIANGLE DE LA MORT : ON Y MEURT TOUS LES JOURS EN SILENCE

50.000 déplacés ont été enregistrés depuis trois ans avec ce record pour la période allant de décembre2013 à mars 2014 : 100.000 nouveaux cas. Et les maladies, et la famine, c’est une situation difficile. Les miliciens brûlent et pillent des maisons au passage.
Gédéon Kyungu, au cours d'un procès. 2005. Image capturée.

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