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Carte du triangle de la mort, Katanga. Photo capturée, OCHA. |
On
meurt dans le triangle de la mort : Mitwaba, Pweto, Manono. Le drame
humanitaire causé par l’activisme des may-may et Bakata Katanga est à l’origine
de 500.000 déplacés, et s’exporte désormais jusqu’à Malemba Nkulu et à Moba.
Des maisons sont incendiées, des villages pillés, plusieurs personnes jetées
dans un désespoir énorme.
La région Mitwaba Manono et Pweto,
sinistrement dite Triangle de la mort, est un bel endroit, un des beaux sites
touristiques du Katanga. On peut y voir, dans la savane comme dans le bois,
diverses espèces d’antilopes, des arbres de diverses natures… le sol y est bon
pour l’agriculture ; une nature qui restaure une paix intérieure surtout
après les bruits de la ville et les tracas de l’existence.
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Des personnes fuyant l'insécurité. Photo caritasdev.cd |
Seulement, héla, on y meurt. On meurt
dans le triangle de la mort ! En silence ! Connaissez-vous Pweto,
Mitwaba et Manono ? Si c’était il y a rien que six mois, vous vous y
perdrez ! Car tout a changé : des villages ont été détruits,
incendiés, des populations poussées à vivre loin de leurs terres dans la famine
et les maladies, sans espoir ni espérance ! Et ce n’est pas fini. Même
lorsque de bonnes volontés, des humanitaires veulent voler au secours de
quelques 500.000 déplacés internes, ils sont stoppés par des routes on ne peut plus infernales. Chaque jour qui passe, des gens fuient leurs
maisons. Parfois, les déplacés changent deux trois fois des sites parce qu’ils
sont à nouveau visés par des attaques.
Un
climat de terreur
Qui fuient-ils, ces gens ? Tout le
monde ! Ils fuient d’abord les miliciens may-may. Implantés dans la région
depuis la guerre du RDC lorsqu’il s’approchait de Lubumbashi par le nord (la
région est proche du sud-Kivu) le RDC, ils ont été armés et ont formé une force
d’autodéfense. On parle de « résistants patriotes » ! La
démobilisation n’a jamais eu lieu, pas non plus la réintégration de ces miliciens.
Parmi eux, un nom qui a fait mouche et terreur : Gédéon KYUNGU MUTANGA.
Evadé de la prison de haute sécurité de Kasapa, en pleine journée, de manière spectaculaire,
il a repris avec force ses activités déstabilisatrices dans le triangle de la
mort om l’attendaient ses hommes jamais désarmés.
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Gédéon Kyungu. Photos okapi.net |
Depuis, on rapporte 500.000 déplacés,
100.000 rien que pour Décembre 2013, janvier, février et mars 2014. Les
témoignages des rescapés qui ont réussi à arriver à Lubumbashi, font état des
exactions multiples : des cadavres exposés dans des villages jusqu’au
gonflement, interdiction de pleurer ses proches tués, incursions dans les
villages, vols des bétails, pillages des villages, enrôlement de force de la
milice, …
Silence
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Des miliciens en plein maniement d'armes. Photo, lecongholais |
Il y a un temps où le monde s’arrête
pour regarder ce qui se passe, il y a un temps où l’on se tait ! Un
silence qui, au finish, contribue au désastre. Depuis le jeudi dernier, la
communauté internationale appelle la communauté nationale à plus d’effort pour
stopper ce désastre humanitaire. C’est une sortie des rares, assez tardive dans
un conflit qui dure plus de dix ans maintenant. L’appellation « triangle
de la mort » rappelle effectivement ce « conflit oublié » selon
l’expression d’un rapport de l’ONU, aussi bien par l’ONU que par l’Etat
Congolais. Il y a quelques mois, les évêques du Katanga dénonçaient
l’attentisme de Kinshasa qui semble jusqu’ici peu engagée dans un conflit qui
relève de la défense nationale.
On a plutôt tendance à croire qu’il s’agit
d’un conflit katangais, à résoudre par les katangais seuls. Il y a silence
ainsi, à tous les niveaux, et l’inquiétude ne peut qu’être « énorme pour
ces populations. Bien plus encore, l’entrée des Bakata Katanga dans l’Lubumbashi
a démontré qu’il est illusoire de croire qu’il s’agit d’un petit dossier. Le
triangle de la mort est une vaste région comprenant 3 territoires aux
dimensions des Etats occidentaux. S’il devrait être résolu par la force, ce
conflit ne s’arrêterait quand même pas avec les effectifs du contingent de la
MONUSCO, moins encore avec quelques forces de surveillance congolaises.
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