Gabriel Kyungu déroute la marche pour le dialogue à Lubumbashi

Dialogue politique RDC
Affiche "je soutiens le dialogue" devant la mairie de Lubumbashi. Décembre 2015. Photo M3 Didier.
Gabriel Kyungu wa Kumwanza tire un nouveau souffle du second échec de la marche pour le dialogue, prévue samedi 5 mars à Lubumbashi. La société civile qui ne parle pas d’échec, explique vouloir laisser les femmes organiser la journée du 8 mars.
Tôt le matin, la station locale de la Radio télévision nationale congolaise (RTNC) confirme, comme la veille, la marche prévue le samedi. A 8 heures, dans plusieurs communes, les points de convergence ne reçoivent pas encore de manifestants attendus pour la marche. C’est pourtant l’heure de départ vers le centre-ville. Ici, à la même heure, des agents demandent aux commerces qui ouvert de fermer pour aller à a marche, Place de la poste. Vers 9 heures, se confirme la rumeur qui circule
depuis le matin : la marche est reportée. Des agents démontent même le podium monté la veille pour accueillir les officiels à la marche qui devait dire aux politiques que la société civile soutient et veut le dialogue. Aucune communication comme en amont de la marche. La ville est un peu fantôme, comme durant la ville morte, le 16 février.
Kyungu et le G7 prêts à marcher pour le dialogue
La veille de la marche, l’ancien président de l’assemblée du Katanga passé à l’opposition, appelle ses partisans à participer au dialogue. Ironique, il appelle ses partisans à participer à la marche pour le dialogue politique. Or, le G7 au nom duquel il parle, le groupe de 7 partis entrés en opposition à Joseph Kabila, rejette le dialogue sous le schéma de Joseph Kabila qu’il soupçonne de manœuvrer pour prolonger son dernier mandat constitutionnel, après 2016.
Les craintes, puis la renaissance de Kyungu
Au moins deux versions officielles sur les raisons de la nouvelle annulation de la marche pour le dialogue divergence circulent à Lubumbashi. Vers 9 heures, un officiel évoque « des raisons sécuritaires » alors qu’une heure plus tard, l’évêque Kapya, coordonnateur de la société civile (interprovinciale du Katanga), organisatrice de la marche, annonce à la presse qu’ils ont décidé de laisser les femmes préparer et célébrer la journée du 8 mars, ne pouvant pas organiser deux marches samedi et lundi. Pourtant, la veille, la même société civile a confirmé la marche sur la RTNC. Cela prouve que l’annulation n’a été décidée que plus tard, le matin.
Lubumbashi, siège du gouvernement provincial, Katanga
Photo M3 Didier
Une source renseigne que c’est suite au message de Kyungu wa Kumwanza diffusé sur sa propre télévision et sur Radio Okapi. Il aurait prévu de brandir des cartons rouges lors de la marche que la société civile a voulue sans affiche et a politique. Kyungu retrouve un nouveau souffle, il renaît presque. Son parti dédoublé, l’Union des fédéralistes du Congo (Unafec) et son juron (le Katanga : il est surnommé « père du Katanga ») ayant disparu, ses détracteurs l’ont annoncé fini. Mais l’annulation de la marche du 5 mars, qui semble fort suivre son soutien qui surprenant, montre qu’il garde de l’influence à Lubumbashi. Depuis la naissance du G7 dont plusieurs de ses ténors sont de l’ex-Katanga, le contrôle de cette ville préoccupe les politiques. La société civile promet de réorganiser cette marche, à une date qu’elle n’annonce pas. Il restera néanmoins à savoir si réellement le souci de la société civile c’est de sauver la paix par le dialogue, pourquoi la journée internationale de la femme devrait supplanter l’urgence : le dialogue.

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