LUBUMBASHI : LES EMPLOIS QUI TUENT

Protestation des agents et enfants de la SNCC

L’emploi, ça manque à plusieurs à Lubumbashi. Mais les demandeurs d’emploie vont pas n’importe où, ils ont des préférences : « Ailleurs d’abord, et dans la fonction publique, si la chance ne sourit pas ». La fonction publique (les services de l’Etat) rassure moins, les privés eux, semblent un peu crédibles. A l’emploi, certains préfèrent parfois le chômage, plutôt que de s’exposer à l’insécurité sociale. Ne réalité, même cela est insécurité.
Protestation des agents de la SNCC après l'incident du 24 janvier 2014, à Lubumbashi
Dans la situation la meilleure, l’Etat  est le rempart des salariés, d’où qu’ils viennent. L’Etat Congolais n’est pas bon payeur, du moins pour le commun des mortels qu’il emploie, notamment à la Gécamines, à la SNCC et dans bien d’autres services. Les employés de la SNCC (Société nationale des Chemins de fer du Congo) totalisent plusieurs mois d’arriérés de salaires : plus de 60 mois, selon les syndicats. Ailleurs, on vit presque cela, mais différemment. Un emploi dans la fonction publique ou dans les services apparentés ne sécurise pas et n’attire plus les lushois. On préfère allers « Ailleurs d’abord, et dans la fonction publique, si la chance ne sourit pas », a déclaré dans un entretien, un journaliste d’une chaîne de télévision à Lubumbashi. Il faut bien nuancer les choses : la situation que nous décrivons se prête mieux aux exécutants qu’aux cadres.
La police en train de disperser les protestateurs
Le code du travail congolais fixe à 1665 FC (environ 1,7USD) le jour le salaire d’un manouvre  ordinaire ; 168 FC par enfant les allocations familiales, 30% du salaire comme frais de loyer, … et ordinairement on paie 500 FC par jour comme frais de transport. Tout cela atteint à peine 75.000 FC, soit environ 84 USD le mois. Un pareil salaire ne permet ni de payer un loyer acceptable, ni de se nourrir tout le mois. Même si ce salaire devait être doublé, alors que Lubumbashi voit sa démographie toujours galopante depuis le boom minier : tend à franchir le cap de 6 millions d’habitants.
A cela, vient s’ajouter un climat de terreur pour des employés martyrisés. Pas plus tard que le 24 janvier dernier, un employé de la SNCC a reçu une ou deux balle dans une jambe alors qu’il réclamait son salaire. Le tireur, un policier commis à la garde du siège de la société, aurait  reproché à cet employé et à sa classe, de faire « trop de bruits sur le salaire » et que cela devait s’arrêter. Dans une ville où l’insécurité n’est plus un secret, un pareil acte n’est que de  trop.

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La massification de la population n’apporte  pas que des bénéfices. La pauvreté et le chômage galopent de plus belle. La débrouille, en pareille situation, paie mieux que certains emplois. Un lushois, sans emploi, nous a dit qu’il refuse de s’engager  pour n’importe quel boulot qui risquerait de constituer un frein à ses affaires et à ses chances. Dans sa débrouille, il ne gagne pas moins de 15 USD journellement. Et lorsque la chance sourit, cela va mieux encore. Ils sont nombreux  les chômeurs qui vivent  comme cela, et c’est cela qui explique peut être que sans emploi, des milliers de lushois arrivent à survivre. Une chose  au moins est sûre, on préfère le chômage à l’emploi, dans bien de cas à Lubumbashi.

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